En début de soirée, le 5 mars 2023, des coups de feu éclatent à l’intérieur de la prison civile de Nouakchott qui abrite une aile où sont détenus plus d’une vingtaine de terroristes condamnés à de lourdes peines, dont la peine de mort.Quatre terroristes, dont l’un a tiré à bout portant sur un gardien quelques instants auparavant et sortent en courant.
L’un deux se retourne et lâche une rafale en direction de deux gardes qui les poursuivent. Un des gardes s’écroule, fauché à mort. Le Deuxième rebrousse chemin. Il Fait nuit. Les fugitifs traversent l’avenue Gamal Abdel Nasser, la plus grande de Nouakchott, et braquent un automobiliste qui stationnait, en face, téléphone collé à l’oreille.
L’automobiliste est éjecté de son véhicule, qui repart en trombe avec quatre terroristes à bord. Un deuxième automobiliste, dont le véhicule a été effleuré par celui des fugitifs, les poursuit, avant de recevoir un déluge de feu qui lui fait vite changer d’avis. C’est le début d’une sanglante cavale qui va coûter la vie à deux gardes pénitentiaires et qui se terminera par la neutralisation par les gendarmes d’élite du GARSI de trois des terroristes et la capture du quatrième, le 11 mars, à Lem-Saïdi, dans le massif montagneux de l’Adrar mauritanien, à plus de 250 km au nord de Nouakchott.
Qui a organisé l’évasion ?
14 personnes et l’unique survivant des quatre évadés ont été présentés à la justice, dans le cadre de l’enquête menée sur les circonstances de l’évasion. Le juge a délivré huit mandat de dépôt et placé cinq personnes sous contrôle judiciaire.
Des sources proches de l’enquête ont affirmé à la Lettre Confidentielle du Sahel (LCS) que l’évasion, préparée en fait depuis mars 2022, était organisée par deux meneurs : Salek Ould Cheikh et Mohamed Ould Chbih, anciens membres d’AlQaïda au Maghreb islamique (AQMI), en détention depuis plus d’une décennie, avec la complicité deux autres jeunes détenus incarcérés depuis 2021, Abdel Kerim Aboubecr Sedigh et Mohamed Yeslem Mohamed Abdellahi.
L’organisateur principal, Salek Ould Cheikh, en était à sa deuxième évasion, après celle de 2016 où il avait été rattrapé en Guinée-Bissau et ramené à Nouakchott. Lui et les trois autres évadés ont, selon des sources bien informées, rompu avec AQMI et prêté allégeance à l’État islamique, dans le Sahara (EIS).
« C’est Reggani, un Mauritanien de l’EIS et frère de l’un des évadés, qui a financé l’évasion, en fournissant à partir de Tombouctou (Mali) un véhicule tout terrain de type Hilux, dans lequel deux caches ont été aménagées pour accueillir une somme importante d’euros, ainsi que des armes », précise à LCS une source sécuritaire qui a souhaité garder l’anonymat.
« Le véhicule a été acheminé à Nouakchott début 2023 et placé dans une cache à Teyaret, en attendant le jour J », poursuit cette source.
Source:La Lettre Confidentielle du Sahel (LCS)