Au Maroc, 2.012 morts et 2.059 blessés, c’est le dernier bilan provisoire, du séisme de magnitude 6,8 qui a frappé le pays dans la nuit de vendredi à samedi. Et au lendemain du tremblement de terre, les secours s’activent et la solidarité s’organise, dans un contexte difficile.
Selon la Croix-Rouge internationale, les besoins d’aide du Maroc sont immenses. « Ce ne sera pas l’affaire d’une semaine ou deux (…) Nous tablons sur des mois, voire des années de réponse », a averti dans un communiqué Hossam Elsharkawi, directeur pour le Proche-Orient et Afrique du Nord de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
On est dans une course contre la montre classique « où chaque heure compte pour sauver des vies », nous expliquait sur RFI le Dr Jean-François Corty, médecin et vice-président de Médecins du Monde et chercheur associé à l’IRIS.
« Mais ce sont vraiment les Marocains qui sont en 1ère ligne qui sont ceux qui vont devoir répondre à ces urgences vitales, les autorités qui sont déjà en action, notamment avec l’armée, la sécurité civile, expérimentés sur ces situations, et puis les habitants, les citoyens, les voisins, qui vont s’aider entre eux, une chaine de solidarité s’active.
Il faut aujourd’hui sortir les victimes des décombres et puis faire les premiers soins qui sont essentiellement de la chirurgie traumatologique, c’est aussi faire du soin psychologique d’entrée, c’est aussi considérer qu’il va y avoir des personnes qui seront en besoin notamment de dialyse, parce qu’ils auront eu des membres comprimés. »
Accéder aux villages isolés
Plus de la moitié des victimes ont été recensées à Al-Haouz et à Taroudant, plus au sud, deux zones rurales montagneuses au coeur du Haut Atlas, selon le ministère de l’Intérieur. Des zones difficiles d’accès donc. C’est le premier défi, selon Karim Tazi, le fondateur de la Banque alimentaire marocaine, joint par Claire Fages, de la rédaction Afrique : débloquer les routes vers les villages du Haut-Atlas, encombrées par les gravats.
« Les autorités s’activent de façon très très forte pour déjà commencer à dégager les corps qui sont encore sous les décombres et les faire affluer vers les hôpitaux de province. Le problème, c’est que comme nous sommes en région de montagne et que certaines routes ont été coupées par les gravats, il est parfois difficile d’accéder à certains de ces villages, que nous appelons au Maroc des ‘douars’.
Donc pour le moment, la priorité des secours est de libérer l’accès à tous les villages, il faut préciser que nous sommes en train de parler en superficie d’une région qui est très importante puisque c’est une grande partie des montagnes du Haut-Atlas marocain, et ensuite, de pouvoir dégager les corps ensevelis et de faire affluer les blessés vers les hôpitaux, et ce ne sera probablement qu’après cela que le travail de distribution des aides pourra être sérieusement organisé. »
Les dons du sang affluent
Au Maroc, au lendemain du séisme, les blessés affluent vers les hôpitaux notamment de Taroudant, où l’urgence est de disposer de suffisamment de sang, explique Karim Tazi, le fondateur de la Banque alimentaire marocaine. Joint au téléphone par Claire Fages.
« Les informations dont je dispose de façon directe et fiable, poursuit Karim Tazi, le fondateur de la Banque alimentaire marocaine, font état d’un grand nombre de blessés qui seraient déjà arrivés à l’hôpital provincial de l’une des régions les plus touchées, qui est l’hôpital de Taroudant, et aussi, l’afflux de blessés aux hôpitaux d’Agadir et aux hôpitaux de Marrakech.
Ce qui est le plus important pour le moment, c’est surtout de faire parvenir les dons du sang à ces différents hôpitaux. La bonne nouvelle, c’est que la mobilisation des citoyens marocains est énorme, et les centres de transfusion sont carrément pris d’assaut, donc cette question de don du sang et d’aide à ceux qui affluent vers les hôpitaux est déjà prise en main, à la fois par les autorités et par les citoyens eux-mêmes. Et il ne fait pas beaucoup de doute que l’organisation de la distribution des aides va aussi se mettre en place assez rapidement et assez efficacement, dans le cadre d’une bonne coordination entre autorités publiques, surtout à l’échelle locale, et différentes organisations de la société civile. »
Faire face à l’afflux de patients
Dès la nuit de vendredi à samedi, quelques heures à peine après le séisme, le centre régional de transfusion sanguine de Marrakech avait lancé un appel en urgence. Dans la journée à travers tout le pays, de Rabat à Casablanca jusqu’à Oujda et Tanger au nord, d’autres centres ont ouvert leurs portes, rapporte Maud Ninauve, correspondante à Tanger. Les citoyens ont appelé les familles, amis, à se mobiliser. Et les Marocains ont répondu en masse.
Bilan : le centre de Marrakech qui gère évidement le plus grand nombre de blessés a salué la solidarité de la population, des Marocains mais sur place aussi des touristes étrangers. Autre mobilisation essentielle annoncé par la presse marocaine : les cliniques privées décident de s’investir. Le syndicat national de ces cliniques au Maroc promet de mettre à disposition des autorités les moyens techniques et les équipes médicales.
Le Maroc a un système de santé structuré, rappelle le Dc Corty, avec « un corps médical qui est très bien formé, des structures hospitalières et de santé primaires très fonctionnelles, il n’y a pas d’hôpitaux qui ont été particulièrement affectés sur ce tremblement de terre, la problématique c’est qu’ils sont, ces grands hôpitaux, loin des villages concernés, d’où ce qui a été mis en place, c’est-à-dire la construction d’un ou deux hôpitaux de campagne qui se construit en quelques heures, et qui permet de prendre les blessés, les stabiliser, peut-être commencer à les opérer sur place, mais évidemment, si ces structures de proximité et d’abris en urgence sont saturés, il sera facilement possible pour les autorités de les transférer vers les hôpitaux qui sont fonctionnels à Agadir, Marrakech ou ailleurs. »
Rfi