Alors qu’Abidjan cherchait depuis plusieurs mois à obtenir son extradition, l’Italien Bartolo Bruzzaniti a été interpellé au Liban. Le fruit d’une étroite collaboration avec la police calabraise.
L’homme d’affaires italien Bartolo Bruzzaniti, 46 ans, l’un des cerveaux du trafic de cocaïne démantelé en Côte d’Ivoire en avril 2022, a été arrêté début juillet dans la ville côtière de Jounieh, au Liban. Selon nos informations, il s’est rendu sans aucune résistance aux policiers de la brigade financière de la région italienne de Calabre, assistés par des hommes de la sûreté libanaise dans le cadre d’une coopération internationale. Il devrait être jugé en Italie.
Branche africaine de la ‘Ndrangheta Cela faisait plusieurs mois que la Côte d’Ivoire tentait vainement d’obtenir son extradition. Le directeur général de la police, Youssouf Kouyaté, s’était d’ailleurs rendu en Italie il y a quelques mois. Recherché par Interpol, Bartolo Bruzzaniti se sentait cerné au Liban.
Il avait entamé des négociations avec des procureurs italiens qui enquêtaient sur la mafi à calabraise, la ‘Ndrangheta, dont il dirigeait la branche africaine. Il était dans le collimateur de la justice italienne depuis plusieurs années, laquelle avait saisi ses biens en 2019, estimés à plus de 8 millions d’euros.
Il figurait sur la liste des suspects dans le dossier de la « Spaghetti Connection », une opération internationale qui a permis de démanteler un réseau impliquant la mafia italienne en Côte d’Ivoire.
Son nom a de nouveau été cité dans la retentissante affaire de la saisie record de deux tonnes de cocaïne en Côte d’Ivoire, à Abidjan (Koumassi) et à San Pedro, en avril 2022, et estimée à 62,6 millions d’euros. Grâce à ses réseaux libanais dans le pays, dont il était proche, l’homme d’affaires avait pu quitter le territoire ivoirien avant le coup de fi let de la police.
L’enquête, menée par le pôle pénal économique et financier du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, a mis au jour un vaste réseau de trafic de cocaïne entre l’Amérique du Sud, La Côte d’Ivoire et l’Europe.
Libérations sous caution
Le Franco-Ivoirien Richard Ghorayeb et le Français Dominique Amata, deux influents hommes d’affaires membres de la Grande Loge de Côte d’Ivoire (GLCI), ont ainsi été écroués à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pendant plus d’un an. Tous deux ont depuis été libérés. Quant à l’Ivoiro-libanais Abbas Hamka, arrêté pour des liens supposés avec Bruzzaniti, il a lui aussi été remis en liberté provisoire après le versement d’une caution de 300 000 euros.
Hussein Taan, gérant de la chaîne de restauration abidjanaise Des gâteaux et du pain, reste pour sa part en détention malgré les demandes répétées de ses avocats. En avril 2015, il s’était associé avec un autre Italien, Giacomo Monastero, pour fonder la société Pasta e Pizza.
Lequel avait revendu ses parts à Bartolo Bruzzaniti un an plus tard. C’est donc en raison de ses liens avec ce dernier qu’il avait été arrêté.
Cette affaire fait l’objet d’une étroite collaboration entre les services de la DEA américaine et les autorités ivoiriennes.
Jeune Afrique