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Côte d’Ivoire : Amnesty International exige la libération immédiate du syndicaliste enseignant Ghislain Duggary Assy

L’organisation de défense des droits humains Amnesty International a élevé la voix pour réclamer la libération immédiate et sans condition de Ghislain Duggary Assy, un syndicaliste enseignant incarcéré à la suite de son arrestation controversée début avril. 

Dans une lettre officielle adressée au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux Sansan Kambilé, l’organisation dénonce une atteinte grave aux droits fondamentaux et qualifie la détention du syndicaliste de « purement politique ».

Ghislain Duggary Assy, figure clé du mouvement des enseignants pour la dynamique de la dignité en tant que Secrétaire à la communication, a été appréhendé à son domicile dans la nuit du 2 au 3 avril par des individus cagoulés. Cette arrestation a eu lieu à la veille d’une grève planifiée les 3 et 4 avril par deux intersyndicales du secteur éducatif, laissant planer de sérieuses questions sur sa motivation.

Selon les informations recueillies, M. Assy a été entendu dans les locaux de la préfecture de police sans la présence de son avocat, une procédure qui soulève des préoccupations quant au respect de ses droits. Il a ensuite été déféré devant le parquet le 4 avril, où il a enfin pu s’entretenir avec son conseil juridique. Malgré cela, le procureur a requis son placement sous mandat de dépôt, une décision lourde de conséquences.

Le 8 avril, un verdict rapide a été prononcé : Ghislain Duggary Assy a été condamné à une peine de deux ans d’emprisonnement pour les chefs d’accusation de « coalition d’agents publics » et d' »entrave au fonctionnement du service public ». Son avocat a immédiatement interjeté appel de ce jugement, mais à ce jour, aucune date d’audience n’a été communiquée, prolongeant l’incertitude et l’inquiétude autour de sa situation. Le syndicaliste est actuellement détenu au pôle pénitentiaire d’Abidjan.

Amnesty International ne mâche pas ses mots face à cette affaire. L’organisation estime que la condamnation de Ghislain Assy constitue une violation flagrante de ses droits fondamentaux à la liberté d’expression, d’association et de grève. Elle souligne que l’appel à la grève lancé par le syndicaliste, visant notamment à obtenir la revalorisation des primes trimestrielles des enseignants, relève de l’exercice légitime et pacifique de ces droits, garantis par la Constitution ivoirienne, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

L’inquiétude d’Amnesty International ne s’arrête pas à l’arrestation et à la condamnation de M. Assy. L’organisation se dit profondément préoccupée par la vague d’une dizaine d’arrestations survenues après le dépôt du préavis de grève le 21 mars. Ces actions, selon Amnesty, témoignent d’un recul alarmant de l’État de droit et des libertés syndicales en Côte d’Ivoire.

Dans sa lettre pressante au ministre Sansan Kambilé, Amnesty International exhorte les autorités ivoiriennes à prendre des mesures immédiates pour faire annuler la condamnation de Ghislain Assy et garantir sa libération sans délai. L’organisation insiste sur le fait que sa détention est motivée par des considérations politiques et constitue une violation manifeste des engagements internationaux de la Côte d’Ivoire en matière de droits humains.

Georges Badiel