Absent des trois dernières CAN, pour diverses raisons, Yao Kouassi Gervais n’est plus à la prime de sa carrière alors que la Côte d’Ivoire s’apprête à accueillir la compétition sur son sol. Mais porté par la détermination de faire briller son pays et le rêve de clôturer son parcours international à domicile, il ambitionne d’intégrer l’équipe commando de Jean-Louis Gasset.
Ce sera le clap de fin. Le tout dernier frisson sous la vareuse nationale. Qui plus est devant un public qui l’a adopté au rythme de ses arabesques et sa vélocité létale pour l’adversaire. Après avoir regardé les trois dernières CAN depuis son canapé, Yao Kouassi Gervais se verrait bien partir sur une note glorieuse, ce sentiment de plénitude. En un mot, une revanche sur le sort, qui s’est acharné sur lui après le sacre continental de 2015, au pays d’Obiang Nguema Mbasogo. En effet, depuis cette glorieuse épopée, le ‘’Jaguar’’ a manqué tous les rendez-vous de la biennale africaine. Il a été, dans un premier temps, victime d’une rupture des ligaments du genou gauche, alors qu’il évoluait à Hebei China Fortune (2016), dans le championnat chinois.
Un incident clinique, ainsi, à tirer un trait sur la CAN 2017. Remis sur pied et revenu à son meilleur niveau, sous les couleurs parmesanes, l’ailier supersonique est snobé, ensuite, par Ibrahim Kamara quand vient la CAN 2019 en Egypte. En octobre 2021, c’est une autre rupture de ligaments, cette fois-ci du genou droit, qui lui barre, enfin, le chemin du Cameroun, pays hôte de la compétition en janvier-février 2022. Quand il retrouve le terrain, c’est pour grignoter quelques matches avec Trabzonspor avant de mettre les voiles pour Aris Salonique, dans la Super League grecque. Le contrat au pays hellénique tourne court faut d’un rendement substantiel. Dès lors, ça pue le crépuscule pour ce gigantesque joueur passé par d’emblématiques clubs comme Arsenal, l’AS Roma. Mais Gervinho, 36 ans, ne l’entend pas de cette oreille. En bon compétiteur, il veut s’offrir un baroud d’honneur, avec en ligne de mire la CAN Côte d’Ivoire 2023. ‘’Jaguar’’ s’est, de ce fait, imposé un régime spécial.
Pendant deux semaines, sous les ordres de Gbélia Oscar (ancien joueur de la JCAT), le champion d’Afrique a fait une première partie de sa préparation physique, à Jacqueville sur les installations d’Ivoire Académie. Question de gommer les séquelles de sa dernière blessure. « La blessure, ça va maintenant. Je m’entraine », confie-t-il dans un reportage diffusé sur RTI 1. Grâce à l’expertise de Gbélia Oscar, Gervinho fait du renforcement musculaire, travaille son explosivité, son accélération et la technique de conservation de balle entre autres. Le travail se poursuit du côté de sol béni, dans l’antre de l’Asec Mimosas. Et ce n’est pas pour déplaire au bourreau des Aigles du Mali en ½ finale de la CAN 2012. « Je reviens tout doucement. Physiquement, je me sens bien. Toutes les séances se passent bien, la forme est là ». « Le football, ajoute-t-il, c’est plus la tête que le pied. Je ferai de mon mieux pour bien finir ma carrière et atteindre mes objectifs mais tout est entre les mains de Dieu ». S’il veut rebondir, accrocher un nouveau club pour la fin, c’est surtout en raison de la CAN 2023.
Gervinho y tient dur comme fer malgré une longue période de farniente. « J’ai eu la chance de pouvoir porter maillot de la Côte d’Ivoire, défendre les couleurs de la Côte d’Ivoire dans le monde entier. J’ai joué toutes les compétitions. C’est toujours un honneur de défendre les couleurs de la Côte d’Ivoire », assure-t-il. « La CAN, admet-il par la suite, c’est la plus grande compétition africaine, tout jeune africain rêve veut la jouer. Imaginer une CAN en Côte d’Ivoire, avec tout l’engouement, toute l’ambiance et le monde qu’on va accueillir. Ça donne envie d’assister à cette CAN et d’y participer ».
En clair, fort de ses 88 sélections pour 23 buts, l’ancien capitaine des Eléphants veut faire ses adieux de façon solennelle devant le public ivoirien. Avec, en bonus, une victoire finale de la Côte d’ivoire. Une ambition, certes, légitime mais loin de faire l’unanimité. Autrement dit, l’enfant du Gontougo a tout à prouver pour espérer vivre la CAN de l’intérieur plutôt qu’en spectateur comme lors des trois précédentes éditions.
Georges Badiel