C’est un congrès de tous les dangers que le PDCI s’apprête à vivre, en octobre prochain. Juste un mois après les élections locales.
Après des bureaux politiques ratés et un qui s est tenu, finalement, au forceps, le Pdci-Rda s apprête à aller à un congrès pour semble-t-il, se réorganiser. Ce congrès, annoncé, en octobre 2023, est perçue par beaucoup d observateurs politiques comme celui de tous les dangers.
Il intervient dans un contexte où la majorité des cadres souhaitent des réformes majeures et aspirent à un changement pour insuffler une nouvelle dynamique au premier parti au pouvoir. Le désamour des cadres et militants, l’on se rappelle, s’était soldé par des reports du Bureau Politique avant qu’il ne se tienne sans l’atteinte du quorum, dans un climat de suspicion, délation et coups bas, à Daoukro. Au sortir de cette rencontre, N’Dri Narcisse, ancien Directeur de cabinet de Konan Bédié a claqué la porte.
Laissant subodorer le malaise qu’il y a au Pdci-Rda. Désormais , il est établi que des clans se battent au PDCI pour le contrôler, dès l’après Bédié. Ce dernier , voulant garder la main sur le parti qu’il administre d une main de fer, depuis la disparition de Félix Houphouët-Boigny, a nommé Thierry Tanoh pour conduire les préparatifs de ce congrès stratégique et très important pour la survie même du Pdci-Rda. En nommant, Bédié joue gros au niveau de son autorité. Car, déjà , au sein du vieux parti, le sentiment largement partagé est que Konan Bédié vient de choisir son camp , au niveau des femmes et des hommes qui vont gérer le PDCI demain. Et déjà, ça ronronne au sein du Pdci et les cris d orfraie fusent ici et là.
« Thierry Tanoh n’est pas la personne idéale pour conduire le comité qui va présider aux préparatifs de cet important congrès. Nous savons tous, que non seulement, il veut diriger le parti mais aussi et surtout il a des ambitions pour 2025 où il veut candidater à la présidentielle. Le Président Konan Bédié n a pas été particulièrement, bien inspiré sur ce coup. A moins qu’il veuille nous inspirer cet homme », s’exclame un membre du Bureau Politique du Pdci-Rda. Déjà, pour les élections locales, les choix de Konan Bédié sont contestés à bien d’endroits. Et pour le lui signifier, des réseaux en interne ont suscité plusieurs candidatures indépendantes qui courroucent et irritent le « sphinx de Daoukro ».
C’est à qui mieux-mieux pour le contrôle du vieux parti. L’autorité de Bédié se trouve très mal au point, en ce moment. C’est dans ce contexte que Tidjane Thiam annonce un autre voyage sur les bords de la lagune Ebrié, en Août prochain. Il s’agira, pour lui de placer ses pions et colmater les brèches non sans irriguer financièrement ses relais sur place.
Avant le congrès, les blocs en interne s organisent et font fi , bien souvent, des instructions de Konan Bédié. » Nous n avons qu’un seul candidat, c est le président Konan Bédié. C’est lui qui trace sa voie et nous suivons« , disait tout récemment, Maurice Kakou Guikahué, le Secrétaire Exécutif du Pdci. Par cette sortie, il tente de réaffirmer le leadership de Bédié et se démarquer des blocs au sein du Pdci. Et pourtant, nul n’est dupe. Tout le monde à l’esprit sur la présidentielle 2025.
Rebondir en 2025
Si la majorité des cadres et militants ne le disent pas haut, ils estiment que l ère Bédié n a pas apporté grand chose au Pdci-Rda. Il n a pas pu gérer le pouvoir à lui légué par Houphouët-Boigny et s est même éloigné de la philosophie houphouëtiste. La preuve la plus parlante est son dés-apparentement du Rhdp, en 2018. « Konan Bédié a atteint ses limites. A 89 ans, il ne peut plus rien nous apporter. Politiquement, il n est plus lucide », estime un secrétaire de section PDCI d une banlieue d’Abidjan. Au prochain congrès d octobre, des congressistes demanderont, clairement, à Bédié de libérer le plancher et d’autres exigeront son maintien.
Car, ils le considèrent toujours comme la soupape de sécurité à la tête du Pdci. En tout état de cause, la bataille est engagée et le prochain congrès du Pdci risque d être très palpitant. Le PDCI aura le choix entre franchir, courageusement, le pas ou rester inerte au risque de se scléroser et disparaître. Les partisans de la première ligne sont prêts à tout pour prévaloir leurs idées. A 89 ans, Henri Konan Bédié pourra-t-il encore imposer son point de vue ?
Le PDCI ne manque pas de cadres ingénieux et ambitieux au profil idéal pour compétir à la prochaine présidentielle. Les résolutions qui découleront de ce congrès en diront long sur la volonté du Pdci-Rda de vouloir revenir au pouvoir ou rester ad-vitam dans le vraisemblablement, ce sera, en toute logique, le clap de fin pour Konan Bédié qui va renoncer à une probable candidature à la présidentielle 2025 s’il ne veut pas voir le PDCI imploser, voire disparaître, sous ses yeux.
Joël Rabbi