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FESACI-CG : La crise du bicéphalisme s’aggrave à l’approche de la Fête du Travail

À quelques jours de la célébration officielle de la Fête du Travail, la crise de leadership qui secoue la Fédération des syndicats autonomes de Côte d’Ivoire-Confédération générale (FESACI-CG) prend une nouvelle tournure.

Le clan de Kouamé Koffi Kra Félix, actuellement engagé dans une bataille judiciaire contre celui de Traoré Yakouba pour le contrôle de la centrale syndicale, accuse le gouvernement d’attiser la discorde. Lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 25 avril 2025 à Cocody-2 Plateaux Carrefour Mobile, les proches de Kouamé Kra Félix ont dénoncé l’attitude « partiale » du Ministère de l’Emploi et de la Protection Sociale (MEPS).

Depuis 2024, la FESACI-CG est paralysée par un bicéphalisme :

D’un côté, Kouamé Kra Félix, reconduit Secrétaire général confédéral lors du 7ᵉ congrès organisé du 28 au 29 septembre 2024, au Palm Club Hôtel d’Abidjan-Cocody ;

De l’autre, Traoré Yakouba, élu à l’issue d’une assemblée générale le 13 juillet 2024.

La querelle a conduit à la fermeture du siège social de la centrale et à la mise sous scellé de son compte bancaire.

Accusations contre le ministère de tutelle

S’exprimant au nom de son camp, Atté Boka Ernest, premier Secrétaire Général Confédéral adjoint, a tiré la sonnette d’alarme :

« Nous dénonçons le fait que le gouvernement ne joue pas franc jeu dans la résolution de la crise qui prévaut à la FESACI-CG. Récemment, le ministère de tutelle nous a appelés à prendre part aux préparatifs de la Fête du Travail à venir. Mais le lendemain, ces mêmes autorités nous ont recontactés pour nous dire qu’ils s’étaient trompés d’interlocuteurs. Aux dernières nouvelles, des informations nous sont parvenues selon quoi c’est plutôt le camp de Yakouba Traoré qui a été invité à notre place. Ledit ministère a-t-il pris position pour un camp loin de la légalité ? Nous lançons un appel au retour à la légalité, à la transparence et au respect des textes. La FESACI-CG ne doit pas être prise en otage par des ambitions personnelles. »

Retour sur la genèse de la crise

La disparition de l’ex-Secrétaire général confédéral, Traoré Dohia Mamadou, en octobre 2023 à Istanbul, a laissé un vide. Selon Atté Boka, Kouamé Kra Félix avait été désigné par consensus pour assurer la transition. Mais ce fragile équilibre a volé en éclats en mars 2024 :

 »La mort de l’ex SGC Traoré Dohia Mamadou, en octobre 2023 à Istanbul, a laissé un vide comblé par la désignation consensuelle de Kouamé Kra Félix. C’est sur la base des textes que nous avons confié à Kouamé Kra Félix la gestion transitoire. Mais ce fragile équilibre s’est effondré en mars 2024, quand Traoré Yakouba, jusque-là SGC adjoint, s’est autoproclamé candidat à la succession, accusant Kouamé Kra Félix de « manœuvres unilatérales » ».

Les tensions se sont exacerbées lorsque le congrès, initialement prévu pour le 23 mars 2024, a été suspendu faute de financement. Le comité d’organisation signalait alors un solde bancaire de seulement 67 000 FCFA, sans qu’un bilan financier ne soit fourni. Plus grave encore, plus de 200 millions de FCFA auraient été dilapidés sans justificatif formel.

 »Prévu pour le 23 mars 2024, le 7ᵉ Congrès de la centrale a été suspendu faute de moyens. Le comité d’organisation a pointé « un solde de compte de seulement 67 000 FCFA », tandis que le Trésorier général, Cissé Brahima, se disait dans l’impossibilité de produire un bilan financier. Pire encore, plus de 200 millions de FCFA auraient été dilapidés, sans trace formelle. En pleine confusion, le 1ᵉʳ mai 2024 a marqué un tournant. Traoré Yakouba a déposé en solo un cahier de revendications, court-circuitant les instances officielles.

« Nous avons dû confier la lecture du discours à Kangouté Maimouna, la 5ᵉ SG adjointe, pour préserver notre crédibilité. Pour répondre aux accusations de détournement (estimés à 73 millions FCFA), Kouamé Kra Félix a commandé un audit sur la période mars 2023 – mars 2024. Pourtant, ceux-là mêmes qui l’accusent, Traoré Yakouba et Cissé Brahima, s’y opposent farouchement. On sait que refuser un audit, c’est vouloir cacher quelque chose ».

Une AG décisive en vue

Une Assemblée Générale Extraordinaire est prévue le 11 mai 2025 pour tenter de clarifier la situation. Mais à ce jour, la fracture semble s’élargir, alors que le Ministère de l’Emploi et de la Protection Sociale, censé jouer le rôle d’arbitre, demeure étonnamment silencieux.

Joint au téléphone, Yakouba Traoré, le SGC du clan opposé, est resté évasif à la question de savoir s’ils ont été réellement invités par le MEPS dans le cadre des préparatifs et de la participation à la prochaine Fête du 1ᵉʳ mai. Il s’est contenté de dire que son équipe et lui sont « à pied d’œuvre ».

Korahi Samson