Réunies en masse lae samedi 26 avril 2025 devant le nouveau site du marché Gouro d’Adjamé Roxy, les femmes de la Coopérative du Marché Gouro d’Adjamé (COMAGOA) ont exprimé leur colère contre la société Digital Partners Immobiliers (DIPIMO) et exigé la libération de quatre de leurs responsables détenus.
« Je ne veux plus de Richard. Son contrat est fini. Je ne veux même plus qu’il construise mon marché ni aujourd’hui ni demain », a martelé Mme Poné Lou B. Hortense, Présidente de la COMAGOA, devant plusieurs membres et commerçantes mobilisées pour la cause.
Les manifestantes dénoncent le non-respect du contrat signé en août 2021 entre la COMAGOA et DIPIMO pour la construction du nouveau marché. « Normalement, les travaux devraient finir en deux ans. Et jusqu’à présent, le marché n’est pas construit. On souffre. Donc, on veut dénoncer le contrat », a insisté Mme Poné Lou B. Hortense.
La situation a empiré avec l’arrestation du Directeur Général du marché, M. Youan Bi S. Alexis, du Directeur des affaires financières, M. Tra Bi Dyan Emmanuel, du Surveillant Général, M. Pone Bi Djê G., et de l’informaticien, M. Irie Bi Barthez, arrêtés dans le cadre d’un différend opposant la coopérative au promoteur immobilier.
La deuxième vice-présidente, Mme Ohouo Thérèse, a fustigé les promesses non tenues de la société DIPIMO. « M. Koffi Richard nous a promis de nous donner un milliard, nous les femmes de la coopérative. Il n’a pas fait », a-t-elle dénoncé, exigeant par ailleurs le remboursement des fonds des souscriptrices, estimés à un milliard de FCFA.
Les femmes de la COMAGOA ont également interpellé les autorités, en particulier le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme. « Que le Ministre Zoro Bi Epiphane Ballo nous vienne au secours pour résoudre ce problème. On veut avoir une solution définitive », a plaidé Mme Zan Lou Nan Yvette, membre active de la coopérative.
Le bras de fer entre les parties prendra bientôt un tournant judiciaire : un procès est en effet prévu au tribunal du commerce à partir du 8 mai 2025.
De son côté, joint au téléphone, M. Koffi Yao Richard, responsable de DIPIMO, a rejeté toutes les accusations portées contre lui. « Ces garçons ont dit que depuis on a commencé ce projet, ils n’ont rien reçu. Or ils ont reçu 196 millions de FCFA dans notre comptabilité et 153 millions pour le déplacement du réseau, soit 349 millions au total », a-t-il révélé.
Pour le promoteur, les agents emprisonnés seraient responsables de la situation actuelle. « Ils vont chez nos partenaires et racontent des diffamations pour que le partenaire se retire du projet », a-t-il affirmé, justifiant ainsi sa plainte.
M. Koffi Yao Richard a par ailleurs relativisé l’ampleur du différend. « Leurs maris sont en prison parce qu’elles disent qu’elles n’ont rien reçu alors qu’ils ont reçu de l’argent. Elles ont saisi le tribunal du commerce. Si vous avez choisi le tribunal du commerce, allons-y pour le procès. Pourquoi aller se faire justice ? », s’est-il interrogé.
Pour rappel, le 30 janvier dernier, le maire de la commune d’Adjamé, Farikou Soumahoro, avait suspendu les travaux du marché suite à des affrontements entre manifestantes et agents de sécurité du promoteur.
TKF