« Le Permis à points, solution possible à la recrudescence des accidents de la circulation ? » Tél est le thème de la conférence animée par le ministre ivoirien des Transports Amadou Koné le mercredi 10 mai 2023 devant les 120 membres du Conseil Economique Social Environnemental et Culturel, (CESEC) dans le cadre de sa première session annuelle.
Occasion pour le ministre Amadou Koné d’instruire le CESEC avec à sa tête le président Aka Aouélé, sur les réformes engagées par son département pour améliorer la sécurité routière et lutter contre l’incivisme sur les routes. « La mise en œuvre du permis à points et plus généralement de la vidéo verbalisation entraine, ainsi que nous le constatons dans la circulation routière ces temps-ci, un changement considérable dans le comportement des automobilistes : port de la ceinture de sécurité, respect des limitations des vitesses, respect des feux tricolores, etc… A titre préventif, il contribue à sensibiliser les conducteurs sur le respect de la réglementation routière et par conséquent à réduire l’incivisme sur les routes, cause des accidents », a fait savoir Amadou Koné. « La question de la préservation de la bonne qualité des biens du domaine public et de la Protection des vies des Ivoiriens et surtout celle des usagers de la route se pose avec acuité dans notre pays…Marquer un arrêt aux feux tricolores est un problème pour nos concitoyens. En vue de renforcer la sécurité routière en Côte d’Ivoire, plusieurs réformes ont été engagées. Cependant les actes d’incivisme sont légions. Que faudrait-il faire pour venir à bout de cette situation qui s’impose comme un défi ? L’une des solutions alternatives est l’instauration du permis à points, une solution idéale au problème de l’insécurité routière. Mais alors quelle base réelle révèle cette alternative ? Quels en sont les contours ? ». Telle est l’économie des observations et préoccupations des membres du Conseil Economique Social Environnemental et Culturel.
Les assurances du ministre Amadou Koné
Profitant de l’occasion que lui donne le Conseil Economique Social Environnemental et Culturel, le ministre des transports Amadou Koné a exposé pour la énième fois sur la stratégie nationale 2021-2025 de la sécurité routière conformément à la vision du président de la République. Laquelle stratégie comporte plusieurs dispositions dont la vidéo-verbalisation qui a permis de mettre en œuvre le système de permis à points. « Le bilan est satisfaisant. Il y a un changement considérable dans les comportements des automobilistes. En ce qui concerne les utilisateurs des 2 et 3 roues, nous travaillons à la production des plaques d’immatriculation ; étant donné que le système de vidéo-verbalisation repose sur la lecture de plaques d’immatriculation », a dit le ministre Amadou Koné.
3 876 points ont été retirés à 1.930 permis de conduire (Soit 1930 conducteurs), 10 permis ont perdu la totalité de leurs 12 points.
Avant de donner les chiffres de l’impact du permis à points depuis sa mise en vigueur le 1er mars à ce jour, le ministre Amadou Koné a tenu à faire cette précision : « Le capital de 12 points est un choix qui privilégie la sécurité routière en ce sens qu’il est dissuasif. Ce qui importe c’est comment se comporter pour ne pas être à l’origine d’accidents et non de faire une comptabilité de points. La peur de se voir retirer des points emmène le conducteur à respecter le code de la route et par conséquent à préserver les vies humaines tout en conservant son capital de points » a-t-il précisé.
Selon le ministre Amadou Koné qui dresse le bilan du Permis à points à la date du dimanche 7 mai 2023, ce sont au total 3 876 points retirés à 1.930 permis de conduire (soit 1930 conducteurs), 38 permis ont perdu 6 points ou plus. 10 permis de conduire ont perdu tous leurs 12 points. Pour ce dernier cas, la notification en vue de la remise desdits permis de conduire aux services compétents du Ministère des transports est en cours. « Les infractions ayant entrainé le retrait de ces points ont été constatées aux moyens : Des radars fixes pour 1 876 détections approuvées ayant fait l’objet de 3 752 points retirés et des radars des barrages intelligents pour 54 détections ayant fait l’objet de 124 points retirés. Au niveau des recours nous avons enregistré 45 réclamations dont 32 sont relatives à des véhicules conduits par des tiers et 13 pour la réattribution de points retirés. Les véhicules de particuliers sont les plus concernés » a-t-il révélé.
Les motivations du permis à points
Au cours des cinq (5) dernières années, les services de l’Etat ont pu dénombrer en moyenne par an, plus de 12 000 accidents corporels, 1200 tués et plus de 21 000 blessés pour un coût économique estimé à 3% du PIB. L’analyse des causes des accidents de la circulation révèle que le facteur humain est à la base de 95% de l’insécurité routière. Les statistiques de l’OSER montrent que le mauvais comportement des conducteurs, à travers le non-respect de la règlementation routière et les cas d’incivisme routier, sont à la base de plus de 60% des accidents de la circulation.
Face à la recrudescence des accidents graves de la route dans notre pays, le Gouvernement a engagé plusieurs réformes pour améliorer la sécurité routière reposant sur la Stratégie Nationale de Sécurité Routière (SNSR) sur la période 2021-2025, adoptée en conseil des ministres le 07 juillet 2021. Pour lutter contre l’incivisme sur les routes, le décret n°2016-864 du 03 novembre 2016 portant réglementation de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique a introduit le principe du permis à points. Ce principe est renforcé par le décret n°2022-631 du 03 août 2022 modifiant le décret n°2016-864 du 03 novembre 2016. La mise en œuvre du permis à points s’est faite avec la participation de tous les acteurs principaux du secteur du transport routier aux réflexions et à l’adoption de ses principes fondamentaux lors d’un atelier tenu en septembre 2022.
Son entrée en vigueur, le 1er mars 2023, a été précédée d’une grande phase d’information et de sensibilisation des populations et particulièrement des usagers de la route à travers les médias et par des actions de proximité. Ces actions se poursuivent à ce jour à travers entre autre, la semaine nationale de la sécurité routière qui a lieu du 3 au 10 de chaque mois pendant toute l’année 2023.
Georges Badiel avec Sercom