AFRIKEXPRESS–Le retrait progressif des troupes françaises de certains pays africains marque un tournant significatif dans les relations entre la France et ses anciennes colonies.
Dernièrement, la République du Tchad a annoncé la résiliation de son accord de coopération en matière de défense avec la France, tandis que le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a exprimé son désaveu concernant la présence militaire française au Sénégal, soulevant des questions sur la souveraineté nationale.
Le Tchad met fin à l’accord de défense avec la France
Le 28 novembre 2024, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a annoncé la décision de son gouvernement de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la France en 2019. Ce pacte visait à renforcer les liens entre les deux nations sur les questions de sécurité et de défense, mais, selon le gouvernement tchadien, il est désormais temps pour le pays de « réaffirmer sa souveraineté pleine et entière ».
Cette décision intervient après plus de six décennies de coopération entre la France et le Tchad, un partenaire stratégique en Afrique centrale. Le gouvernement tchadien a précisé que cette résiliation n’affectait en rien les relations bilatérales, soulignant que le Tchad restait ouvert à de nouveaux partenariats avec la France dans d’autres domaines d’intérêt commun.
Le Tchad rejoint ainsi une série de pays qui, ces dernières années, ont pris des mesures pour réduire ou mettre fin à la présence militaire française sur leur sol, un symbole de la remise en question de l’influence historique de la France sur le continent africain.
Le Sénégal et les troupes françaises : Un désaccord grandissant
Quelques heures après l’annonce tchadienne, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a exprimé son malaise vis-à-vis de la présence continue de 350 soldats français au Sénégal, soulignant que cette situation « ne correspond pas à notre conception de la souveraineté et de l’indépendance ». Bien que cette présence soit le fruit d’un traité signé avec la France dans une posture de prévention, Faye questionne la nécessité de maintenir des troupes étrangères sur le sol sénégalais alors que le pays revendique son indépendance.
« Pourquoi des soldats français au Sénégal ? Quel pays peut se dire indépendant tout en hébergeant des militaires étrangers sur son sol ? », a-t-il interrogé dans un entretien accordé au Monde. Le président a également comparé la situation à d’autres partenariats internationaux, où des pays comme les États-Unis, la Chine ou la Turquie coopèrent avec le Sénégal sans y avoir de bases militaires. « Est-ce que la France est capable de faire cela ? », a-t-il ajouté, suggérant qu’il serait temps de revoir ce type de coopération.
Malgré ses critiques, Faye a tenu à rassurer l’opinion publique en soulignant que les relations entre le Sénégal et la France demeuraient solides. Toutefois, il semble évident que la présence militaire française pourrait, à terme, être remise en question, même si aucun délai n’a été fixé pour ce retrait.
Un phénomène de plus en plus répandu en Afrique
La remise en cause de la présence militaire française en Afrique ne se limite pas au Tchad et au Sénégal. Depuis plusieurs années, d’autres pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont déjà pris des mesures similaires, allant jusqu’à expulser les forces françaises de leurs territoires. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large où plusieurs États africains cherchent à rééquilibrer leurs relations avec les anciennes puissances coloniales, notamment la France.
Les critiques à l’encontre de la présence militaire française sont multiples. Elles se fondent sur des accusations de néocolonialisme et de manipulation politique, certains dirigeants africains estimant que la France maintient une influence disproportionnée sur les affaires du continent.
Cependant, malgré cette volonté de redéfinir les partenariats avec la France, l’Afrique reste dans une situation complexe, où la nécessité de sécuriser le continent face à des menaces comme le terrorisme continue de justifier certaines formes de coopération militaire, y compris avec la France. L’avenir de cette coopération dépendra probablement de l’évolution des relations entre les pays africains et la France, et des nouvelles priorités stratégiques du continent.
Une Afrique en quête de souveraineté
Les décisions du Tchad et du Sénégal marquent un tournant dans la redéfinition des relations franco-africaines. À travers ces mouvements, l’Afrique semble se diriger vers un renforcement de sa souveraineté, en cherchant à diminuer la présence militaire étrangère sur son sol. La France, quant à elle, devra naviguer avec prudence et diplomatie pour préserver ses liens avec les pays africains, tout en respectant les nouvelles aspirations du continent.
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