Décédé, le mardi 1er Août 2023 , Henri Konan Bédié qui n a , pas du tout, préparé sa succession, laisse un vide qui risque de compliquer les choses. Et c est peu de dire que le plus dur commence pour ce parti qui est à la croisée des chemins.
Alors que personne ne voyait venir sa mort, Henri Konan Bédié, Président du Pdci-Rda, a quitté, de manière inattendue, le monde des vivants, le 01 Août 2023.Suite à un malaise qui a , finalement, eu raison de lui. Président en exercice du Pdci -Rda, Henri Konan Bédié complexifie la tâche au Pdci-Rda qui est tenu , désormais, de se trouver un Président , un candidat pour la présidentielle 2025 et une équipe dirigeante homogène. Le PDCI est loin d atteindre, dans la douceur , ces objectifs et relever ces défis.
Si , dès les premiers jours qui ont suivi le décès de Konan Bédié, l on a senti , à cause du choc né de cette brutale disparition, une sorte de consensus qui a abouti à la désignation du doyen d âge des vice-présidents, en l’occurrence, Cowply Boni, comme Président intérimaire, l on subodore bien que c est pour un court instant.
Car , personne n est dupe, la bataille pour le contrôle du vieux parti aura, bel et bien, lieu. Dans le secret, les esprits au PDCI étaient , assurément, à l éventualité d un départ soudain du » sphinx de Daoukro ». Cette disparition de Konan Bédié remet au goût du jour, les ambitions des uns et des autres.
Les blocs antagonistes
Au moment où l on ne sait , encore rien, du programme des obsèques de Konan Bédié , différents blocs affûtent leurs armes , le temps de la période du deuil, pour en découdre les mois prochains. Et ce sera juste un report de la confrontation qui risquait de surgir en octobre prochain, à la faveur du congrès du Pdci si Konan Bédié. Désormais parti, les blocs qui se sont constitués autour de lui, de son vivant, vont se livrer une guerre sans merci.
D’un côté, ceux qui ont toujours eu Konan Bédié comme soupape de sécurité pour avancer. Cette aile conduite par Maurice Kakou Guikahué était sûr de contrôler le parti doyen , tant que le président Bédié est aux commandes. C’est donc dire que leur destin et sort politiques est , intimement, liée à la vie de Konan Bédié. Sa disparition a pour effet immédiat de les mettre dans une situation inconfortable voire les affaiblir dans une quelconque bataille pour le contrôle du Pdci-Rda.
L’autre aile , conduite par les partisans de Tidjane Thiam estiment que le moment est , désormais, favorable pour prendre le PDCI et le réformer afin que le vieux parti puisse retourner au pouvoir en 2025.Le banquier Tidjane Thiam qui n a jamais voulu affronter le président Konan Bédié devra se mouvoir, davantage, pour attirer vers soi, le maximum de soutiens au sein du vieux parti. Selon de bonnes sources, il a des réseaux au sein du Pdci qu’il entretient, déjà bien.
Troisième et dernière aile qui entend contrôler le parti doyen, c est bien celle conduite par Thierry Tanoh, l ancien patron de la société financière internationale (Sfi).A l’ombre de Konan Bédié, il a appris à connaître et maîtriser les rouages du fonctionnement du Pdci-Rda. Potentiel candidat à la présidentielle et à la présidence du parti, Konan Bédié lui confiait d importantes missions. À preuve, c est à lui que Bédié a confié l’organisation du congrès qui devrait, en principe, en octobre prochain. Sur place , en Côte d Ivoire, Thierry Tanoh a eu le temps de côtoyer les acteurs de premier plan de son parti.
Il les connait et ils le connaissent. Il y a , donc, un choc des ambitions au PDCI et le combat s annonce épique et sans merci. Pour départager ces trois ailes , il faudra compter avec les vice-présidents du Pdci dont la plupart sont des septuagénaires révolus, octogénaires ou parfois nonagénaires. Ils sont, certes, sans ambitions , mais voudront avoir leur mot à dire , quant à la préservation de la ligne politique du PDCI.
Maintenir une place sur l’échiquier politique
En rompant les amarres avec le Rhdp, sous la férule de Konan Bédié, le PDCI s est tiré une balle dans le pied. Aujourd’hui, avec la disparition de son président, le parti a intérêt à rebattre les cartes et revenir, sans gêne et sans calcul au Rhdp. C’est sa planche de salut pour continuer , non seulement, à perpétuer l’œuvre de Félix Houphouët Boigny et garantir la paix , la stabilité et le développement à la Côte d Ivoire. La marche commune du bloc Rhdp de 2011 à 2018 a permis de garantir la stabilité et restaurer le développement en Côte d’Ivoire.
La sagesse devrait habiter les nouveaux gestionnaires du Pdci-Rda. Quitte à négocier et renégocier les clauses de leur retour au Rhdp. En tout état de cause, le Président Alassane Ouattara qui tient à rassembler tous les enfants d Houphouët laisse la porte, grandement ouverte, à un retour du Pdci dans la maison commune. Il est temps , au PDCI -Rda de réfléchir , très sérieusement à ce retour dans la grande famille Houphouëtistes pour que la Côte d Ivoire continue, harmonieusement , avec tous les enfants d’Houphouët rassemblés, sa marche vers les cimes.
Aujourd’hui, plus que jamais, le Pdci-Rda doit être habité par la raison et faire les choix qui le tirent vers le haut. En ce moment, il est établi que l alliance contre-nature que le PDCI a noué avec le PPA-CI ne fonctionne pas du tout. Laurent Gbagbo qui ne jouit plus de la même aura car , lâché par de nombreux compagnons de lutte, comme Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé ou encore Mamadou Koulibaly ne pèsent plus un clou. En plus, la gestion de la Refondation fut un désastre, aux antipodes de la vision du Président Houphouët Boigny pour la Côte d ivoire.
Continuer cette aventure, c est faire le choix de mener la Côte d Ivoire vers des lendemains incertains et se détourner de la logique Houphouëtistes qui prône , l’union , le travail en équipe des enfants d’Houphouët et la mise en avant permanente de l’intérêt supérieur de la nation. Le PDCI doit faire de bons choix. Toute la Côte d Ivoire et le monde entier vont suivre de très près, les faits et gestes de l’équipe transitoire conduite par le professeur Cowply Boni. Le PDCI ne doit pas se tromper de choix. Soit , elle mène l’équipe à Canossa , soit elle sauve les meubles.
Joël Rabbi