AFRIKEXPRESS- Il y a plusieurs jours que l’opinion publique s’indigne d’un site internet exclusivement réservé aux militants du RHDP où des offres d’emploi sont publiées.
Dans le système judiciaire ivoirien, l’opportunité des poursuites appartient au ministère public représenté par le procureur de la République. En ma qualité de citoyen ivoirien, je me suis donc rendu ce jour au Plateau à l’effet de déposer une plainte afin de dénoncer cette affaire qui semble contraire à la loi ivoirienne. La secrétaire, après avoir pris connaissance du dossier, m’a demandé de revenir demain entre 8h et 12h.
J’y serai donc encore ce mercredi (20 Novembre 2024: Ndlr). Puis, il appartiendra au Procureur de juger de la recevabilité de ma plainte et de faire cesser cette pratique si mes arguments sont fondés ou de me débouter, le cas échéant.
Construire un état démocratique passe par user des procédures juridiques à notre disposition. Les droits qui s’oublient sont ceux dont on n’use pas. La démocratie repose sur un gentlemen’s agreement. Nous demeurons une opposition civilisée parce que nous aimons la Côte d’Ivoire, que nous soyons à l’opposition ou au pouvoir. Dont acte !
« A Monsieur le Procureur de la République
Près le Tribunal de Première Instance
d’Abidjan-Plateau
Objet : Plainte pour violation du principe de l’égalité devant la loi
Monsieur le Procureur de la République,
Courant la nuit du 15 au 16 novembre 2024, j’ai découvert l’existence d’un site internet dénommé ‘’e-emploirhdp.ci’’. J’y accède pour m’imprégner du bien-fondé du site en question. Je constate qu’il s’agit d’un site conçu à l’intention des militants du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) à l’effet de leur offrir plusieurs opportunités dont des offres d’emploi avec, en toile de fond, comme partenaires, des établissements publics nationaux (ANADER, Conseil Hévéa Palmier à Huile, Port Autonome d’Abidjan, AGEFOP…), des sociétés d’État (BNETD, SGPME…) et des entreprises privées (ADDOHA, INTERBAT…).
Cette manœuvre de nature à enfreindre l’égal accès à l’emploi, principe constitutionnellement garanti en référence aux articles 4 et 14 de la constitution ivoirienne, n’a pu me contraindre à l’indifférence. Il s’agit manifestement d’un accès à l’emploi fondé sur l’opinion politique, infraction qui tombe sous le coup des articles 226-1 et 227-5 nouveaux du code pénal ivoirien. Parallèlement au code pénal, le code du travail, en son article 4, interdit à tout employeur de prendre en considération l’opinion politique en vue de l’embauchage. Par ailleurs, les instruments juridiques internationaux auxquels la Côte d’Ivoire est partie, notamment la Charte des Nations Unies de 1945, la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de 1981 et ses protocoles additionnels, condamnent toutes formes de discrimination fondée sur les opinions politiques.
Conformément à l’article 51 alinéa 1 du code de procédure pénale, je viens porter à votre connaissance ces faits d’une illégalité patente, et dont, j’ose croire, vous ne trouverez point d’inconvénients à faire cesser. Il y ira de la construction et de la consolidation d’un État de droit pour lequel vous demeurez un acteur plus qu’incontournable. Aussi, vous avez, en complément, des pièces qui aideront à vous convaincre de la véracité de mes propos.
Rassuré de votre dévouement à veiller à l’application et au respect de la loi pénale, je vous prie de recevoir, Monsieur le Procureur de la République, l’expression de ma déférence la plus marquée.
Fabrice LAGO
Citoyen Ivoirien »
