Depuis quelques jours, une vague de contestation inédite déferle sur les réseaux sociaux ivoiriens. Celle-ci cible un problème qui ronge le quotidien de milliers de ménages : le coût exorbitant des loyers. Ce qui a commencé comme des plaintes isolées s’est transformé en un mouvement viral, une véritable « révolution numérique » qui interpelle les autorités et les propriétaires fonciers.
Le phénomène n’est pas nouveau. Abidjan, en particulier, est réputée pour ses prix immobiliers qui défient toute logique économique par rapport au pouvoir d’achat moyen. Cependant, l’ampleur et l’organisation de cette contestation sur les plateformes comme Facebook, Twitter (actuellement X), et WhatsApp, marquent un tournant. Des groupes de discussion se sont formés, des pétitions en ligne ont été lancées, et des témoignages poignants sont partagés quotidiennement, illustrant les difficultés rencontrées par des citoyens contraints de consacrer une part démesurée de leurs revenus au logement.
« Je gagne 250 000 FCFA par mois, et mon loyer est de 100 000 FCFA pour un deux pièces à Yopougon. Comment voulez-vous que je vive décemment avec ce qui reste ? », s’indigne K.D, une jeune employée de bureau, dans un post qui a été partagé des centaines de fois. Son cas est loin d’être isolé. De nombreux internautes dénoncent des « loyers à la tête du client », l’absence de régulation efficace, et la multiplication des « pas de porte » et autres frais annexes qui alourdissent davantage le fardeau.
Face à cette grogne grandissante, le gouvernement ivoirien, par le biais du Ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, a récemment annoncé la mise en place de mesures visant à encadrer les prix des loyers. Des commissions de contrôle sont envisagées, ainsi que des tentatives de plafonnement des prix dans certaines zones. Cependant, la méfiance persiste parmi la population qui a vu, par le passé, de nombreuses initiatives similaires rester lettre morte.
Les agences immobilières et certains propriétaires, pour leur part, justifient ces prix par le coût élevé des terrains, de la construction et de l’entretien, ainsi que par la forte demande dans un pays en pleine croissance démographique et économique. Néanmoins, l’argument peine à convaincre une population qui se sent prise à la gorge.
Georges Badiel