AFRIKEXPRESS-Depuis quelques semaines, la question de l’inscription sur les listes électorales anime le débat public en Côte d’Ivoire.
Dans ce contexte, Toh Bi Vincent, ancien préfet d’Abidjan, a apporté un éclairage technique et politique sur la situation, s’appuyant sur des chiffres recueillis par des organisations spécialisées, notamment International IDEA.
Un taux d’inscription alarmant
Selon les données présentées par Toh Bi Vincent, la Côte d’Ivoire affiche l’un des plus faibles taux d’inscription électorale du continent africain. Avec seulement 25,11% de la population inscrite sur les listes électorales, le pays se situe bien en deçà de ses voisins et d’autres nations africaines.
Par comparaison, le Niger, qui enregistre le taux d’inscription le plus bas parmi un panel de 21 pays, atteint néanmoins 42,26%. Des pays comme l’Afrique du Sud (68%) ou encore le Liberia (53,79%) présentent des taux nettement plus élevés.
Les causes de cette situation
Plusieurs facteurs expliquent ces écarts entre les pays, notamment :
La structure de la population (répartition entre jeunes, adultes et personnes âgées)
L’âge de la majorité électorale (16, 18 ou 21 ans selon les pays)
Le système d’enregistrement électoral (annuel, permanent, opportuniste, etc.)
Les mouvements migratoires
Le degré de participation politique
L’atmosphère générale de liberté et de transparence
La tradition électorale et la composition genre
Le niveau d’éducation
La confiance dans les institutions et la Commission électorale indépendante (CEI)
Parmi ces facteurs, la confiance dans les institutions électorales joue un rôle crucial. En l’absence d’une perception de transparence et d’impartialité, une frange importante de la population pourrait se désintéresser du processus électoral, préférant ne pas s’inscrire ou voter.
Les conséquences pour la démocratie ivoirienne
L’ancien préfet d’Abidjan met en garde contre les dangers d’un taux d’inscription électoral aussi bas. Une participation insuffisante affaiblit la légitimité des institutions issues des urnes, même si leur légalité n’est pas remise en question.
Une faible mobilisation des citoyens peut ainsi entraîner une crise de représentativité, les populations ne se reconnaissant pas dans les orientations politiques et les décisions prises par les dirigeants élus.
En guise d’exemple, Toh Bi Vincent cite le cas du Mali. Longtemps considérée comme une référence démocratique en Afrique, la participation électorale y a connu une chute constante, atteignant 24% avant l’effondrement de la démocratie en 2012.
Un appel à un débat constructif
Face à ce constat, l’ancien préfet d’Abidjan plaide pour une approche dépassionnée du débat. Il invite les acteurs politiques, la société civile et les institutions électorales à prendre cette question avec sérieux afin de trouver des solutions pour améliorer l’inscription des électeurs. Selon lui, une démocratie forte repose sur la participation active de ses citoyens, et la Côte d’Ivoire ne peut se permettre d’ignorer cet enjeu crucial.
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