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Côte d’Ivoire : Que devient la CAP-CI, après la signature du front commun entre le PDCI-RDA et le PPA-CI ? (Analyse)

La récente signature du front commun entre le PDCI-RDA et le PPA-CI est une reconfiguration majeure de la scène politique ivoirienne, particulièrement à l’approche des échéances électorales. Cette alliance redessine les équilibres et soulève inévitablement des questions sur l’avenir de la CAP-CI. 

Le paysage politique ivoirien est en constante reconfiguration, et l’annonce d’un front commun entre le PDCI-RDA et le PPA-CI marque un tournant significatif. Cette alliance, entre deux poids lourds de l’opposition dirigés respectivement par Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, vise clairement à peser de tout son poids sur la scène politique, notamment en vue de la présidentielle d’octobre 2025. Pour la CAP-CI, un regroupement qui a souvent cherché à fédérer les forces d’opposition, cette nouvelle donne pourrait avoir des conséquences ambivalentes.

Risque de marginalisation 

Rappelons que la CAP-CI a pour objectif de rassembler diverses entités politiques et associatives de l’opposition afin de présenter un front uni face au parti au pouvoir. Or, avec la création d’un « front commun » entre le PDCI-RDA et le PPA-CI, les deux partis qui représentent sans doute les plus grandes bases électorales de l’opposition, la CAP-CI pourrait se retrouver dans une position délicate. Si le PDCI-RDA et le PPA-CI accaparent l’attention et la dynamique de l’opposition, les autres composantes de la CAP-CI pourraient voir leur influence diminuer. Le « front commun » pourrait devenir le principal pôle de ralliement, éclipsant la structure plus large de la CAP-CI. Les partis ou associations plus petits au sein de la CAP-CI pourraient se sentir contraints de choisir entre adhérer à ce nouveau bloc ou risquer l’isolement.

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La CAP-CI devra probablement revoir sa stratégie et son rôle. Elle pourrait évoluer pour devenir une plateforme de dialogue et de coordination pour les partis qui ne sont pas directement intégrés au front commun, ou pour aborder des thématiques spécifiques (société civile, droits de l’homme, questions électorales). Son rôle de « rassembleur » pourrait être remis en question si les acteurs majeurs agissent désormais de manière bilatérale.

Opportunité de renforcement 

Paradoxalement, ce front commun pourrait aussi, dans une certaine mesure, renforcer indirectement la dynamique de l’opposition dans son ensemble, dont la CAP-CI fait partie. L’union du PDCI-RDA et du PPA-CI envoie un signal fort au pouvoir en place, indiquant une volonté de mutualiser les forces pour les prochaines échéances. Cette pression accrue pourrait, à terme, bénéficier à l’ensemble de l’opposition en ouvrant des espaces de dialogue ou en forçant des compromis.

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En formant un bloc puissant, le PDCI-RDA et le PPA-CI clarifient le jeu politique pour 2025. Cela pourrait inciter d’autres partis de l’opposition à s’aligner, soit en rejoignant ce nouveau front, soit en renforçant la CAP-CI comme une alternative pour ceux qui ne s’y reconnaissent pas totalement.

Défis et arbitrages

La CAP-CI se trouve à la croisée des chemins et devra faire face à plusieurs défis. Il sera crucial pour les dirigeants de la CAP-CI de négocier leur position et leur pertinence au sein de cette nouvelle configuration. Cela pourrait passer par des discussions avec le front commun pour déterminer comment les actions peuvent être coordonnées sans que la CAP-CI ne soit absorbée. La CAP-CI devra s’efforcer de maintenir la cohésion des partis et des mouvements qui la composent, même si l’attention se porte sur le nouveau front. C’est un défi de taille, car les divergences internes sont fréquentes au sein des coalitions larges.

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Pour conserver sa visibilité et son utilité, la CAP-CI pourrait se concentrer sur des actions thématiques ou des campagnes de sensibilisation qui complètent celles du front commun, sans entrer en concurrence directe. Cela pourrait concerner des questions de gouvernance, de société civile, ou de réformes électorales.

Nouveau positionnement

La CAP-CI, en tant que structure, ne devrait pas disparaître du jour au lendemain. Cependant, son rôle et son influence seront inévitablement impactés par la formation du front commun PDCI-RDA/PPA-CI. Il est probable qu’elle doive s’adapter, se redéfinir et trouver un nouveau positionnement dans un paysage politique ivoirien en pleine mutation. Son avenir dépendra de sa capacité à innover et à démontrer sa valeur ajoutée dans cette nouvelle dynamique de l’opposition. La cohésion de l’opposition ivoirienne, face au RHDP, dépendra désormais en grande partie de la capacité de ces différentes entités à collaborer, même si les projecteurs sont désormais braqués sur le nouvel axe PDCI-RDA/PPA-CI.

Ouattara Yvette