Après leurs appels téléphoniques de fin mars, le président ivoirien estime, selon son entourage, avoir des raisons de douter de l’honnêteté de son opposant en exil.
À peine renoué, le dialogue entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro est, pour le moment, de nouveau rompu. Une
réconciliation entre le chef de l’État ivoirien et son opposant en exil, qui ne s’étaient pas parlé depuis cinq ans, avait pourtant semble envisageable après leurs appels téléphoniques des 28 et 30 mars derniers.
En coulisses, cette initiative avait été facilitée par le président togolais Faure Essozimna Gnassingbé, ainsi que par plusieurs proches d’Alassane Ouattara. Au cours de ces échanges, cordiaux, les deux hommes s’étaient même tutoyés.
Opérations de déstabilisation
Sauf que, du côté d’Alassane Ouattara, la méfiance est plus que jamais de mise. Selon son entourage, le président estime que l’ancien président de l’Assemblée nationale ne joue pas francjeu. Il y a d’abord eu l’arrestation, en janvier, à Abidjan, d’un exrebelle des Forces nouvelles qui a permis de mettre au jour un
réseau d’une cinquantaine de jeunes recrutés par des proches de Guillaume Soro pour mener des opérations de déstabilisation de la Côte d’Ivoire depuis le Burkina Faso. Cette affaire, révélée par Jeune Afrique le 3 mai, est prise très au sérieux par les autorités ivoiriennes.
De plus, quelques temps après leurs appels, Alassane Ouattara a découvert que Guillaume Soro n’avait pas été honnête sur son lieu de résidence actuel. S’il voyage beaucoup dans la sousrégion et dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES),l’opposant avait dit se trouver dans un pays d’Afrique australe,alors qu’il se trouvait en réalité en Afrique de l’Ouest.
L’allié de Bédié
Pour l’instant loin de la Côte d’Ivoire où il a été condamné à la prison à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’État », l’ancien leader estudiantin ne pourra pas assister aux obsèques d’Henri Konan Bédié, l’ex-chef d’État et président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui débuteront le 20 mai.
De son vivant, ce dernier était devenu l’allié de Soro, qu’il avait invité dans son fief de Daoukro afin de lui faire visiter le caveau familial alors encore en chantier.
La reprise de contact entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro a été diversement appréciée par leurs entourages respectifs. Au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti présidentiel, le secrétaire exécutif Ibrahim Cissé Bacongo avait salué cette initiative et conseillé à Guillaume Soro de rentrer. Mais tandis que certains proches de l’ancien Premier ministre lui recommandent de rester sur ses gardes, d’autres n’hésitent pas à attaquer Alassane Ouattara sur les réseaux sociaux.
Jeune Afrique