L’Association nationale des coopératives agricoles de Côte d’Ivoire (ANACACI) et une dizaine d’organisations de producteurs de café-cacao ont tenu une conférence de presse ce mercredi 19 février 2025, à l’hôtel Rose Blanche d’Angré (Cocody), pour exprimer leurs préoccupations face à la lenteur et au manque de transparence du processus de mise en place de l’interprofession de la filière.
Un processus au ralenti et opaque
Les organisations dénoncent le silence du comité technique en charge du projet depuis son lancement en juin 2024. Selon Penatirgué Soro, président de l’ANACACI et porte-parole de l’événement, « le comité technique ne communique ni sur ses actions ni sur son chronogramme depuis huit mois. Pire, il apparaît aujourd’hui aux côtés d’associations nouvellement créées dans le secteur, ce qui suscite des inquiétudes légitimes ».
Il rappelle que la structuration des interprofessions agricoles en Côte d’Ivoire découle d’une ordonnance signée en 2011. Si plusieurs filières ont déjà mis en place leurs organes de gouvernance, celle du café-cacao, pourtant stratégique pour l’économie nationale, demeure dans l’impasse.
Des critères de sélection contestés
Le processus d’intégration des producteurs dans l’interprofession suscite également des interrogations. « Sur 86 organisations auditées, plus de 80 ont été jugées inaptes ou incompétentes à intégrer la future interprofession », affirme Penatirgué Soro. Un regroupement régional était censé être organisé pour clarifier la situation, mais aucune réunion n’a eu lieu depuis huit mois.
« Nous sommes directement concernés, et pourtant nous ne comprenons plus le déroulement du processus. Nous exigeons des explications claires sur les prochaines étapes », a-t-il insisté.
Un appel à l’action pour débloquer la situation
Face à cette impasse, les 3 000 sociétés coopératives de café-cacao du pays envisagent une réunion pour définir une position commune. « Si le comité technique ne se prononce pas rapidement, nous pourrions le récuser et désigner nous-mêmes nos représentants pour le collège des producteurs et l’interprofession », a averti le président de l’ANACACI.
Il rappelle que la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, ne peut se permettre une gouvernance défaillante de sa filière. « L’interprofession est un outil essentiel pour garantir une meilleure implication des producteurs dans les décisions stratégiques. Dans un contexte où les défis liés aux prix, à la rentabilité et à la durabilité se multiplient, nous devons être pleinement associés aux discussions », a-t-il ajouté.
Un consensus nécessaire pour avancer
Les organisations agricoles appellent à une réaction rapide du comité technique et du ministère de l’Agriculture afin de débloquer la situation et garantir une représentation équitable des producteurs. Elles insistent sur la nécessité d’un consensus, soulignant que les travaux d’évaluation menés auprès de plus de 80 organisations avaient pour but d’identifier celles pouvant justifier plus de 50 % de la production nationale et représenter plus de 50 % des producteurs.
En attendant une réponse officielle, l’ANACACI et ses partenaires restent mobilisés pour défendre les intérêts des producteurs et réclamer une interprofession café-cacao transparente et inclusive.
Korahi Samson