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«La CEI, sous la férule de Kuibiert, s’est transformée en caisse de résonance»( Ferro Bally, journaliste)

JUGE ET PARTIE.

C’est un magistrat hors hiérarchie, donc un homme de droit à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession.
Mais sur le terrain et à la tête de la Commission électorale indépendante (CEI), Coulibaly-Kuibiert Ibrahime a abandonné sa toge pour descendre dans l’arène politique. Et alors, la confiance est rompue avec une partie de l’opinion et l’opposition. Et le fossé de méfiance se creuse chaque jour davantage, dans une atmosphère délétère.

Il n’en a cure. Il est sur la même longueur d’onde que Soumahoro Amadou, ex-président de la Chambre basse, qui déclarait: « L’Assemblée nationale est autonome, mais n’est pas indépendante. Car, nous dépendons du pouvoir exécutif. »
Coulibaly-Kuibiert Ibrahime a, ainsi, jeté aux orties l’indépendance formelle de son organe électoral. Il s’est mis au pas et sous le parapluie de l’État pour mettre en congé son professionnalisme et faire ses adieux à l’imperium romain. Il ne se place plus au-dessus de la mêlée pour rassurer les acteurs, mais à la remorque du pouvoir en place.

De ce fait, il est devenu le juge et la partie du processus électoral. Invoquant son intime conviction, il ne se gêne même pas pour violer le droit et notamment l’ordonnance n°2020-356 du 8 avril 2020 portant révision du Code électoral en assumant son infidélité au dicton latin: Dura lex sed lex.
En effet, la CEI, sous la férule de son président, s’est transformée en caisse de résonance. Le RHDP, au pouvoir, dit-il « non » à la révision de la liste électorale (RLE) en 2025, en accusant l’opposition de « surenchère »!? Coulibaly-Kuibiert Ibrahime met aussi son veto, en dépit des dispositions qui imposent le contraire.

Dans la forfaiture, qui se met en route, le président de la CEI oublie ou ne réalise pas qu’il se rend coupable du crime d’improbité. Pour respecter l’alinéa 3 de l’article 6 de l’ordonnance ci-dessus visée, qui dispose que « la liste électorale est tenue à jour annuellement », Coulibaly-Kuibiert Ibrahime inscrit, chaque année dans son budget, des lignes de crédit pour la RLE.

En 2020, 12 milliards 920 millions de nos francs ont été consacrés à cette opération. En 2021: 14 milliards 900 millions; 2022: 6 milliards 120 millions; 2023: 12 milliards 818 millions, 2024: 12 milliards 200 millions et 2025: 27 milliards 588 milliards de FCA; dernier montant élevé de presque dix milliards par rapport à l’année précédente.

Le virus du cancer de la corruption a atteint ce yoyo budgétaire. En 2021 et 2023, la CEI a zappé la RLE. Et les 27 milliards 718 millions de nos francs, représentant les budgets de ces deux années, se sont volatisés. Car, ce pactole a été officiellement dépensé à 100%; les opérations fictives de la RLE ayant été déclaré entièrement réalisées.

Les 27 milliards 588 millions de FCFA de la présente année se trouvent sous la menace de la même épée de Damoclès: la prévarication et le « grillage d’arachide », si la RLE n’est pas effectuée en 2025, faisant ainsi de la CEI une niche d’enrichissement rapide et illicite.

Aussi, la philosophe française Simone Weil, amère, recommandait-elle des sanctions sévères contre les bandits à col blanc: « Il faut que le crime d’improbité envers l’État, chez les hommes publics, soit effectivement puni plus sévèrement que le vol à main armée. »
F. M. Bally