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La démocratie en Afrique : Pourquoi les élections ne suffisent pas, selon Mamadou Koulibaly

AFRIKEXPRESS-Le 7 janvier 2025, le Ghana a installé son sixième président depuis son retour à la démocratie il y a 35 ans, un événement marquant pour ce pays considéré comme un modèle de stabilité politique en Afrique de l’Ouest. Le Sénégal, quant à lui, fête ses 41 ans d’élections démocratiques régulières, avec son quatrième président.

Cependant, malgré ces progrès politiques indéniables, Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, a exprimé de vives préoccupations sur les véritables causes des difficultés économiques persistantes dans ces pays et, plus largement, sur le continent.

Dans une publication sur son compte X, Koulibaly interroge la véritable efficacité des élections démocratiques lorsqu’elles ne sont pas accompagnées d’une répartition équitable des ressources économiques. Il souligne que, malgré la régularité des scrutins et les alternances politiques, le Ghana et le Sénégal, tout comme d’autres nations africaines, continuent d’être confrontés aux mêmes problèmes économiques qu’ils connaissaient sous les régimes de partis uniques.

L’une des critiques majeures formulées par Koulibaly concerne le contrôle exercé par l’État sur les ressources naturelles, notamment les terres et les sous-sols. Selon lui, ces deux pays, malgré leur transition vers la démocratie, ont gardé ce monopole étatique sur le patrimoine économique national, un héritage de leurs régimes précédents.

Le problème réside dans le fait que les populations, bien que bénéficiaires de processus démocratiques, restent exclues des bénéfices économiques tirés de ces ressources. La question de la propriété foncière et des droits d’exploitation des ressources naturelles reste, pour Koulibaly, un levier essentiel pour le développement économique.

Il avance l’idée que les élections démocratiques, aussi importantes soient-elles, ne peuvent suffire à garantir la prospérité économique. « Tant que les populations sont maintenues sans droits de propriété sur le patrimoine économique des pays, y compris les terres et les ressources naturelles, les élections ne feront que servir de cache-sexe pour une pauvreté persistante », affirme-t-il.

Koulibaly va au-delà de la critique des seuls processus électoraux. Il remet en cause le modèle même de gouvernance qui prévaut en Afrique. Selon lui, peu importe l’étiquette politique des régimes (autocratique, militaire, démocratique, socialiste ou capitaliste), les résultats semblent toujours similaires : la concentration des richesses au sein de l’État, laissant peu de place à l’émancipation économique des populations. « Ces étiquettes sont vides de sens, tant que les droits économiques fondamentaux des citoyens, comme la propriété des ressources naturelles, ne sont pas garantis », soutient-il.

Pour Koulibaly, ce sont ces facteurs qui expliquent la persistance des tensions politiques et sociales sur le continent. Si certains pays, comme le Ghana et le Sénégal, ont su maintenir une certaine stabilité politique, ils ne sont pas pour autant exempts de problèmes économiques graves. La violence politique, bien que moins présente dans ces deux nations, demeure une réalité dans d’autres pays africains, renforçant la nécessité d’une transformation plus profonde.

La solution que propose Koulibaly ne réside pas seulement dans une amélioration des processus électoraux, mais dans une réforme des droits économiques des citoyens. Pour lui, l’enjeu central est celui de la répartition des richesses, et particulièrement du contrôle des ressources naturelles. Les citoyens doivent pouvoir bénéficier directement de l’exploitation de ces ressources pour espérer une véritable amélioration de leurs conditions de vie.

 

Le changement politique et économique, selon l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, doit passer par un modèle où les populations locales, et non l’État central, détiennent des droits réels et effectifs sur les terres et les ressources naturelles de leurs pays.

Bintou Sanogo