Dans une interview accordée à une chaîne de télévision, Pierre Dagbo Godé, ancien vice-président du Front populaire ivoirien (FPI), a adressé de vives critiques à Pascal Affi N’guessan, actuel président du parti. Suite à sa destitution de son poste de Vice-président, Me Dagbo Godé, désormais membre d’un courant au sein du FPI, n’a pas hésité à remettre en cause la direction d’Affi N’guessan.
Malgré sa réélection à plus de 95% des voix lors du dernier Congrès du FPI (les 8 et 9 novembre à Yamoussoukro), Dagbo Godé minimise l’influence de Pascal Affi N’guessan sur le terrain. Il a fait savoir que son courant politique représente 80 % des militants du FPI, tandis qu’Affi ne représente que 20 %, et encore, c’est généreusement qu’il lui accorde ces 20 %. Dagbo va plus loin en assurant qu’Affi « ne pèse rien sur le terrain » et qu’il est devenu « l’homme des plateaux télé », incapable de mobiliser ses troupes, même dans des régions comme le Moronou ou la commune d’Abidjan. Fort de ses ambitions, Pierre Dagbo Godé a annoncé qu’il organiserait plusieurs meetings dans les jours à venir pour prouver sa représentativité et se mesurer à son ancien mentor. Il prévoit notamment des rassemblements à Daloa le 30 novembre, suivis d’autres à Korhogo, afin de « démontrer qui représente véritablement les militants du FPI. »
Me Dagbo Godé va plus loin en imputant directement à Pascal Affi N’guessan la responsabilité de la scission interne du FPI, notamment après la signature d’un partenariat controversé avec le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Il dénonce le comportement solitaire d’Affi, qui aurait signé cet accord sans consulter ses camarades du parti. De plus, Dagbo Godé reproche à Affi d’avoir accepté une subvention de 100 millions de FCFA d’un candidat du RHDP lors d’une élection à Bongouanou, sans en informer les membres du parti, une situation qu’il qualifie de « dissimulation ». L’ancien secrétaire général ne se contente pas de remettre en cause le partenariat avec le RHDP. Il critique aussi la gestion centralisée d’Affi N’guessan au sein du FPI. Selon Dagbo Godé, Affi exerce un pouvoir absolu, prenant toutes les décisions seul, nommant et révoquant à sa guise.
Il lui reproche également une absence de transparence dans la gestion financière du parti et assure qu’il n’hésitera pas à saisir la justice si Affi ne rend pas des comptes sur l’utilisation des fonds du FPI. Par ailleurs, Me Dagbo Godé aborde un autre sujet de discorde : l’absence d’alternance à la tête du FPI. Il rappelle que l’alternance politique est un principe fondateur du parti, mais que, sous la présidence d’Affi N’guessan, celle-ci est ignorée, le leader étant au pouvoir depuis plus de 23 ans. Pour Dagbo Godé, il est essentiel de préparer la relève au sein du parti pour respecter ce principe d’alternance, afin d’assurer une transition politique harmonieuse. Enfin, en ce qui concerne la question d’une alliance avec le PPA-CI, Pierre Dagbo Godé est formel : il exclut toute collaboration avec ce parti tant que Pascal Affi N’guessan reste à la tête du FPI. Pour lui, ce n’est pas au FPI de tendre la main à Gbagbo et au PPA-CI, mais à Gbagbo de revenir vers le FPI s’il souhaite reprendre sa place.
« Si Gbagbo revient, il sera accueilli à bras ouverts », assure-t-il. Il rejette fermement l’idée de toute démarche dans l’autre sens, soulignant que le FPI doit rester fidèle à ses principes et à sa vision. Les divergences croissantes entre Pierre Dagbo Godé et Pascal Affi N’guessan risquent de déboucher sur une confrontation juridique, les reproches de l’ancien vice-président devenant de plus en plus virulents. Les tensions internes au FPI semblent désormais prêtes à éclater au grand jour, mettant en lumière une fracture profonde au sein du parti.
BS