Selon les informations de Jeune Afrique, le chef de l’État et son prédécesseur se sont parlé au téléphone à la fin de juillet. Une première depuis février 2024, alors qu’ils ne communiquaient plus que par émissaires interposés. Cela faisait près d’un an et demi qu’ils ne s’étaient pas parlé directement.
Quelques jours après son retour de France, le 16 juillet dernier, le chef de l’État Alassane Ouattara a, selon nos informations, téléphoné à son prédécesseur Laurent Gbagbo afin de s’enquérir de ses nouvelles et lui proposer une rencontre pour aborder la situation politique du pays. Ce dernier, à la tête du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) est candidat à la présidentielle d’octobre, mais toujours inéligible en raison de sa condamnation dans l’affaire dite du « casse » de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) au moment de la crise post-électorale de 2010- 2011.
Il dénonce depuis avec force sa radiation des listes électorales et tente d’obtenir sa réinscription. D’autres opposants ont également été mis hors course en raison de condamnations judiciaires, comme Charles Blé Goudé et Guillaume Soro. « Bonne humeur » L’entretien téléphonique entre le président et son opposant s’est déroulé dans « la bonne humeur », selon nos sources. Laurent Gbagbo a dit apprécier la démarche d’Alassane Ouattara, qui l’a par ailleurs convié à assister au défilé militaire marquant le 65e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, qui aura lieu le 7 août à Bouaké.
Mais il a exprimé son indisponibilité à cette date. Les deux hommes pourraient toutefois se rencontrer avant l’élection présidentielle, prévue le 25 octobre prochain. Le dernier appel entre le chef de l’État et son opposant avait eu lieu à l’initiative de ce dernier, le 23 février 2024, afin de remercier Alassane Ouattara de la grâce accordée la veille au général Bruno Dogbo Blé, commandant de la Garde républicaine entre 2001 et 2011, et l’ex-adjoint de celui-ci, Paulin Gnatoa Katé. Une cinquantaine d’autres détenus avaient bénéficié de la même mesure, visant à décrisper le climat politique et à renforcer la cohésion nationale dans la foulée de la victoire des Éléphants à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) à domicile.
Émissaires interposés Le dialogue n’était pas pour autant totalement rompu entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Mais jusqu’ici, ils ne communiquaient que par émissaires interposés, à savoir des politiques, religieux, hommes d’affaires et diplomates. Le président lui avait fait transmettre plusieurs messages, lui conseillant d’éviter de créer un environnement conflictuel dans le pays. Et, en août 2022, il avait accordé une grâce présidentielle à son prédécesseur, une mesure qui ne lui avait toutefois pas permis de récupérer tous ses droits civiques et politiques. Seule une amnistie le pourrait. Reste que les deux hommes, qui furent alliés au sein du Front républicain contre l’ancien chef de l’État Henri Konan Bédié à la fin de la décennie 1990, entretiennent des relations rafraîchies.
Aujourd’hui allié à l’ancien financier Tidjane Thiam, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) lui aussi radié des listes électorales, au sein du « Front commun », Laurent Gbagbo dit envisager d’utiliser tous les moyens constitutionnels et « pacifiques » dans le cadre de son mouvement « Trop c’est trop », lancé en juin dernier, pour obtenir son retour dans le jeu électoral. De son côté, Alassane Ouattara s’est engagé, lors de sa déclaration de candidature, le 29 juillet, à tout mettre en œuvre pour garantir un scrutin apaisé et sécurisé.
Source: Jeune Afrique
Les titres sont de la Rédaction
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