RÉCALÉS ET ADMISSIBLE.
Il n’y a pas eu de suspense. Le satu quo a été observé sur la liste électorale provisoire. Affichée ce lundi 17 mars 2025 pour l’ouverture des contentieux, elle comprend, et Mme Salimata Porquet, vice-présidente de la CEI l’a reconnu, des morts « qui ne peuvent pas voter ».
En revanche, et ce, depuis 2020, elle omet Laurent Gbagbo, Soro Kigbafori Guillaume et Charles Blé Goudé. Pour les deux premiers, la décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) pour leur réintégration n’a pas prospéré. Car, au lieu de notifier cet arrêt à la justice ivoirienne, le président de la République a préféré retirer le pays de cet empêcheur de tourner en rond.
Sans compter que l’initiative diplomatique du PPA-CI et du syndicat des anciens chefs d’État, pour prendre à témoin l’Union africaine à sa dernière session, tenue en février 2025 à Addis-Abeba, sur le cas Gbagbo, a fait chou blanc. Et la Commission électorale indépendante (CEI), s’abritant derrière l’article 4 de l’ordonnance portant Code électoral et les notes des ministères de la Justice et de l’Intérieur, a encore frappé, pour rayer Gbagbo, Soro et Blé Goudé, de la liste électorale.
Ils sont recalés. Pourtant, tous les trois sont, pour le compte de leur formation politique, des candidats déclarés pour l’élection présidentielle du 25 octobre, prévue donc dans sept mois. C’est un tacle qui contrarie les ambitions affichées et contraint à un réexamen des stratégies. En revanche, un autre leader, que les détracteurs logeaient à la même enseigne, figure bien sur cette liste. C’est Thiam Cheick Tidjane.
Alors que la polémique sur sa nationalité ivoirienne fait rage, cette inscription est un camouflet pour les contempteurs. Le président du PDCI-RDA, non seulement est ivoirien, mais bénéficie de ses droits civiques et politiques. Dans un environnement passionné, l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne est partiellement lu. Tous ou presque se contentent de son alinéa 1, qui dispose:
« Perd la nationalité ivoirienne, l’Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère ou qui déclare reconnaître une telle nationalité. » Et à bras raccourcis, les adversaires dénient la nationalité ivoirienne à Tidjane Thiam, qui a engagé une procédure de renonciation à la nationalité française. Tous ou presque font fi de l’important alinéa 2 dudit article qui dispose:
« Toutefois, pendant un délai de quinze ans, à compter de l’inscription sur le tableau de recensement, la perte (de la nationalité ivoirienne) est subordonnée à l’autorisation du gouvernement par décret pris sur rapport du ministre de la Justice et après avis du ministre de la Santé publique et du ministre de la Défense.
» Un décret de naturalisation à la nationalité française date du 27 février 1987, à la majorité du président de l’ex-parti unique. Tidjane Thiam devrait, selon les dispositions ivoiriennes, perdre la nationalité ivoirienne en 2002, après un délai de quinze ans. Et selon l’article 70 dudit Code, « les décrets portant autorisation de perdre la nationalité ivoirienne sont publiés au journal officiel de la république de Côte d’Ivoire.
» Quand on sait qu’il a dirigé le BNEDT, durant six ans, et qu’il a assumé le portefeuille ministériel du Plan et du Développement durant environ deux ans, sous le mandat de Bédié, il faut alors se convaincre que l’État n’a, sans aucun doute, jamais pris une mesure pour sacrifier son génie, le premier de ses enfants à entrer à l’École polytechnique de Paris.
Il est admissible à la compétition électorale. De Félix Houphouët-Boigny (7 août 1960 – 7 décembre 1993) à Laurent Gbagbo (26 octobre 2000 – 11 avril 2011) en passant par Henri Konan Bédié (7 août 1993 – 24 décembre 1999), il faudra alors fouiller, creuser et bêcher, comme le laboureur, pour retrouver le décret de perte de sa nationalité ivoirienne.
F. M. Bally
Les titres sont de la rédaction