Accueil A LA UNE Présidentielle 2025 : La CEI face à un dilemme électoral ? (Analyse)

Présidentielle 2025 : La CEI face à un dilemme électoral ? (Analyse)

À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, la scène politique ivoirienne est secouée par une situation qui soulève de vives interrogations quant à la cohérence de la Commission Électorale Indépendante (CEI). 

Alors que l’ex-président Laurent Gbagbo, désigné par le PPA-CI, et Tidjane Thiam, choisi par le PDCI-RDA, ont tous deux été radiés de la liste électorale définitive pour diverses raisons largement connues, ils ont néanmoins obtenu leurs kits de collecte de parrainages. Une démarche qui sème la confusion et alimente les spéculations.

Cette apparente contradiction dans la procédure de la CEI soulève une question fondamentale : la Commission électorale est-elle en train de céder aux pressions et aux « chantages » politiques ? Après avoir été la cible de critiques récurrentes, notamment de la part de l’opposition, la CEI se sentirait-elle aujourd’hui contrainte d’adopter une posture plus « flexible », quitte à dérouter les observateurs et l’opinion publique ?

Comment expliquer que des personnalités dont les noms ne figurent ni sur la liste électorale provisoire, ni sur la liste définitive, puissent se retrouver en position de « candidats à la candidature » et collecter des parrainages ? La radiation de la liste électorale est un obstacle majeur à l’éligibilité. En effet, être inscrit sur la liste électorale est une condition sine qua non pour être électeur, et par extension, éligible aux fonctions électives en Côte d’Ivoire.

Ce paradoxe jette une lumière crue sur la répartition des rôles entre la CEI et le Conseil constitutionnel. Traditionnellement, la CEI est chargée du toilettage et de la publication de la liste électorale, une étape préalable et cruciale. C’est sur la base de cette liste que les candidats aptes sont censés déposer leurs dossiers. L’idée qu’un candidat, radié de cette liste, puisse contourner la CEI pour espérer une validation ultérieure du Conseil constitutionnel semble remettre en cause l’architecture même du processus électoral.

Est-ce à dire que les « bruits et tapages » du PPA-CI et du PDCI-RDA sont en passe de l’emporter sur le respect des procédures établies ? Ou bien assistons-nous à une interprétation nouvelle et audacieuse des textes, visant à ménager les susceptibilités politiques ? La crédibilité du processus électoral est en jeu.

Si l’on reconnaît que les candidats désignés du PPA-CI et du PDCI-RDA, en tant que personnalités politiques majeures, devraient avoir les mêmes droits que les autres candidats, la question de leur éligibilité préalable, au regard de leur absence de la liste électorale, reste entière et interpelle. La CEI et le Conseil constitutionnel sont certes complémentaires, mais leurs missions sont distinctes et s’inscrivent dans une séquence logique.

L’opinion publique est en droit de s’attendre à une clarté et une rigueur exemplaires de la part des institutions en charge du processus électoral. La situation actuelle, avec la délivrance de kits de parrainage à des candidats radiés de la liste électorale, soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, et laisse planer une ombre de doute sur la trajectoire de l’élection présidentielle de 2025.

Georges Badiel 

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