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Présidentielle 2025: L’opposition face au défi de l’unité, un éternel recommencement ? (Analyse)

Les appels à l’unité au sein de l’opposition se suivent et, trop souvent, se ressemblent dans leur échec à concrétiser un front uni et durable. Malgré des revendications communes – réforme du système électoral et de la CEI, audit de la liste électorale, et le rejet d’un éventuel quatrième mandat pour le président sortant – la convergence des forces d’opposition reste un vœu pieux, laissant planer des doutes sur leur capacité à constituer une alternative crédible.

Le constat est patent : les initiatives visant à fédérer les partis d’opposition peinent à transformer l’essai. L’appel de Bonoua lancé par l’ancien président Laurent Gbagbo, qui avait suscité un espoir de rassemblement autour de sa figure, s’est dilué, ne produisant pas l’effet escompté d’une mobilisation générale. Cet échec rappelle les défis inhérents à la personnalité politique forte de Gbagbo, capable de galvaniser ses partisans mais aussi de diviser au-delà de son cercle.

De même, la Coalition pour une Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI), initialement porteuse d’un certain dynamisme, a vu son élan s’émousser. Le retrait, ou du moins la mise en retrait, du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), poids lourd de la scène politique ivoirienne et initiateur de la coalition, après la signature de son front commun avec le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, a fragilisé la structure. Cet épisode illustre les tiraillements entre les ambitions des différentes formations et la difficulté à maintenir une cohésion stratégique sur le long terme.

Le « front commun » le plus récent, celui scellé entre le PPA-CI et le PDCI-RDA, présenté comme une alliance historique entre deux géants de la politique ivoirienne, n’a pas non plus produit le raz-de-marée attendu. Hormis le ralliement notable de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, cette nouvelle entité peine à attirer d’autres partis d’opposition significatifs. Ce ralliement, bien que symbolique, ne suffit pas à créer la dynamique unitaire tant espérée.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette récurrence des échecs unitaires. Premièrement, les ambitions personnelles et les leaderships concurrents semblent primer sur l’intérêt collectif. Chaque leader cherche à se positionner comme le chef de file incontesté de l’opposition, rendant difficile la subordination à une cause commune. Les ego, souvent surdimensionnés dans l’arène politique ivoirienne, constituent un frein majeur à toute véritable fusion des forces.

Deuxièmement, les divergences stratégiques et idéologiques, bien que minimisées publiquement, persistent. Si les revendications électorales font consensus, les visions sur la gestion du pouvoir, la gouvernance future et les alliances potentielles post-électorales peuvent varier considérablement, créant des fissures sous le vernis de l’unité.

Troisièmement, la méfiance mutuelle entre les acteurs de l’opposition est un facteur non négligeable. Les trahisons passées, les repositionnements opportunistes et les historiques de confrontations directes ont laissé des cicatrices, rendant difficile l’établissement d’une confiance solide et durable, indispensable à une action concertée.

Enfin, l’absence d’une feuille de route claire et partagée au-delà des revendications conjoncturelles freine la consolidation des alliances. L’opposition ivoirienne peine à proposer un projet de société alternatif qui transcenderait les clivages partisans et mobiliserait au-delà des seuls militants.

Dans ce contexte, la capacité de l’opposition à peser réellement sur le jeu politique en vue des prochaines échéances électorales reste incertaine. Tant que les leçons des échecs passés ne seront pas tirées et que les leaders ne parviendront pas à transcender leurs intérêts individuels, l’unité de l’opposition ivoirienne risque de rester un serpent de mer, au grand désarroi d’une partie de l’électorat aspirant à une véritable alternance.

Georges Badiel 

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