Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, se trouve dans une situation d’incertitude profonde, suspendu à la décision d’Alassane Ouattara de briguer ou non un quatrième mandat en 2025. Cette attente se prolonge, et l’absence d’un dauphin clair dans les rangs du RHDP suscite des inquiétudes.
Depuis plusieurs mois, des initiatives se multiplient à travers le pays pour encourager le président à se représenter. Des grands meetings dans les stades aux mobilisations plus discrètes d’élus locaux, en passant par des tribunes de presse et des interviews télévisées, les partisans du président insistent sur l’importance de sa candidature, soulignant que son leadership est essentiel à la stabilité du pays. L’ancien ministre RHDP et ex-maire de San Pedro, Félix Anoblé, a exprimé ses préoccupations, redoutant que Ouattara ne se retire. Selon lui, « on ne change pas une équipe qui gagne ».
Dans une déclaration officielle en mai, Gilbert Koné Kafana, le président du directoire du RHDP, a exprimé la conviction que la victoire du RHDP en 2025 dépendait du maintien d’Ouattara à la tête de l’État. Cependant, quelques mois après cette déclaration, le parti tempère ses propos, soulignant qu’il se concentre avant tout sur des priorités immédiates, comme l’inscription sur les listes électorales et d’autres réformes nécessaires avant l’élection. Kafana a souligné que la décision du président se ferait « en temps voulu ».
Les partisans d’Ouattara espéraient une annonce lors de son discours sur l’état de la nation en avril dernier, mais le président a préféré repousser cette décision. La question de savoir quand cette annonce se fera reste un sujet central dans les cercles politiques ivoiriens. Certains proches d’Ouattara estiment que la décision pourrait intervenir au premier semestre 2025, mais personne n’ose spéculer sur son choix final.
La situation actuelle est d’autant plus complexe qu’il n’y a pas de dauphin évident parmi les figures politiques du RHDP. Après le décès en 2020 du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui était considéré comme le successeur naturel d’Ouattara, aucun autre leader ne semble s’imposer de manière incontestée. Les noms de plusieurs personnalités émergent toutefois : Tiémoko Meyliet Koné, vice-président actuel et technocrate expérimenté, est cité comme une option, bien qu’il soit encore relativement inconnu du grand public. D’autres évoquent le nom de Téné Birahima Ouattara, le frère du président, ministre de la Défense, bien qu’il ait exprimé son manque d’ambition présidentielle. Certains observent également le retour éventuel de Patrick Achi, ex-Premier ministre, bien que sa position dans la compétition reste floue.
Dans cette incertitude, la situation reste ouverte, et tous les regards sont tournés vers Alassane Ouattara. Personne n’ose se positionner avant que le président ne prenne sa décision. Le climat politique est d’autant plus tendu que d’autres figures, comme Tidjane Thiam, récemment élu président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et Laurent Gbagbo, bien que confronté à des obstacles judiciaires, sont également attendus dans la course présidentielle. Une amnistie pour Gbagbo n’est pas exclue, ce qui pourrait relancer la compétition.
Si Ouattara choisit de se retirer, la présidentielle de 2025 pourrait marquer un tournant majeur dans la politique ivoirienne, avec un face-à-face inédit entre de nouvelles figures politiques. La Côte d’Ivoire pourrait alors connaître une élection sans les leaders historiques qui ont façonné son histoire depuis l’indépendance.
Source : Jeune Afrique
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