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Roger Dakouri (PPA-CI) raconte ses moments de prison avec le commandant Kipré, proche de Dogbo Blé

Ce témoignage qui suit a été rendu public par Roger Dakouri Diaz sur sa page Facebook après la sortie de prison du commandant Kipré. 

 

 »Lorsque Djidjigbouh et le Commandant KIPRÉ, compagnons d’infortune de la même cellule à la MACA, se revoient et revisitent de douloureux souvenirs…

Lorsque, cinq (05) jours seulement après son retour d’exil, exil d’une durée de 10 années au Ghana, et, au terme de laborieuses tractations politico-judiciaires, Djidjigbouh atterrit, le 9 octobre 2019 à la MACA, le Garde pénitentiaire, responsable du Bâtiment des Assimilés, fit venir le Commandant KIPRÉ à son bureau, à la demande du Régisseur, et lui dit :

« Commandant, le Régisseur te demande de recevoir notre étranger. Comme tu es seul dans ta cellule, vous y serez désormais deux… ».

Notons qu’à cette époque, le Commandant KIPRÉ, loyal parmi les collaborateurs loyalistes les plus immédiats du Général DOGBO Blé, était le représentant des détenus du Bâtiment des Assimilés.

Ainsi, depuis cette date, le Commandant KIPRÉ et Djidjigbouh furent, chaque jour, aux environs de 18h, enfermés avec fracas dans leur cellule, jusqu’à ce que des indiscrétions, extérieures de haut niveau, sur sa déportation nocturne, filtrassent et parvinssent à Djidjigbouh, le 12 septembre 2020.

Djidjigbouh s’ouvrit alors à son frère, le Commandant KIPRE, lui remettant en même temps et pour la circonstance, une liste d’adresses de ses proches, on ne sait jamais. Est-il exclu que le déporté soit exécuté en cours de route, et son corps balancé dans la nature !?

Mais, le militaire s’insurge contre cette façon de faire de Djidjigbouh. Aussi l’interroge-t-il : « Par qui as-tu appris que tu seras déporté cette nuit ? Et pourquoi devront-ils te déporter ? N’ont-ils pas dit qu’ils t’ont emprisonné pour une question d’accident de la circulation… ».

Mais, après ces lamentations, et quoique perplexe, le Commandant KIPRÉ reçut, volontiers, la liste d’adresses de mes parents, en cas de cas.

Aussi aux environs de 1h du matin de la même nuit, Djidjigbouh sera-t-il enlevé de leur cellule commune, par une escouade de 12 soldats encagoulés, pour une destination initialement inconnue de lui.

Après des tours partout, et, nulle part à travers le grand Abidjan, et même, jusque dans le cimetière d’Azzurreti aux environs de 2h du matin, Djidjigbouh fut finalement jeté dans une cellule baptisée « Cellule Politique » de la prison de Grand-Bassam, cellule d’où, il y avait quelques heures, un certain LOBOGNON Alain alias Adjudant BEUGRE venait d’être déporté vers la prison de Toumodi.

Délocalisé dans ces circonstances inhumaines, ce fut le Commandant Kipré qui réunit les effets personnels de son frère Djidjigbouh, derrière lui, et les remit à son épouse qui ignorait, jusque-là, sa destination finale.

Quelques temps après la délocalisation brutale de Djidjigbouh, l’ivresse du pouvoir qui voulût qu’on fît souffrir les autres à l’extrême, poussa aussi les gouvernants, non satisfaits de toutes les tortures morales massives, déjà infligées au Commandant KIPRÉ, à le déporter dans la terrible prison de Dimbokro (44°), où l’homme résista stoïquement contre la mort, jusqu’à sa libération récente.

Aussi importe-t-il de relever que nous avons certes tous souffert, mais le cas du Commandant KIPRÉ laisse franchement sans voix.

Détenu à la MACA, il perdit son épouse, alors fondée de pouvoir à la Trésorerie de Taabo.

Pour lui permettre d’assister aux obsèques ou, à tout le moins, jeter un dernier coup d’œil sur le corps de celle avec laquelle il a partagé sa vie, toutes les formalités réglementaires furent accomplies dans les délais.

Niet fracassant et inhumain des gouvernants !

Et, comme le malheur ne vient jamais tout seul, après le décès de son épouse, celui de son premier fils vint encore l’assommer.

Inutile de demander s’il a vu son corps ou pas.

Mais, ce qui nous rend aujourd’hui plus heureux, c’est le constat que, détenu depuis 2011, le Commandant KIPRÉ a enfin pu faire partie des miraculés qui ont recouvré tout dernièrement la liberté, en même temps que leur patron, le Général DOGBO Blé.

Aujourd’hui, Djidjigbouh a pu retrouver son frère d’infortune. Tous deux libres.

Notons qu’aux obsèques de son épouse, Djidjigbouh avait représenté les « collègues » de la MACA à Saioua.

L’ancien Président du Conseil Régional de Gbêkê, feu Jacques MANGOUA, lui aussi ancien pensionnaire de la triste MACA, qui avait aussi voulu être à ces obsèques à Saioua, n’avait pu franchir l’écueil d’un contretemps de dernière minute.

Nous la contons, avec force détails, cette histoire-là, parce qu’elle constitue un gigantesque pan de celle de notre pays.

Aussi les constructeurs principaux d’une telle histoire de leur pays devraient-ils, en urgence, prendre de la graine de l’évolution actuelle et humainement imprévisible des choses au Sénégal : lorsqu’on exerce le pouvoir, il faut s’efforcer d’en abuser modérément.

Car, ce qui se déroule actuellement, sous nos yeux au Sénégal, atteste éloquemment de la vérité biblique selon laquelle : « il « n’existe rien d’éternel ici-bas, sauf l’Éternel Dieu« .

Djidjigbouh, La Tronçonneuse juridique Des RS