AFRIKEXPRESS-Les tensions à N’Zéré, un important village situé à une quinzaine de kilomètres de Yamoussoukro, ne cessent d’escalader. Depuis le 7 décembre 2024, les habitants protestent dans les rues pour exiger le départ de leur chef de village, Djedri Kouadio.
Le mouvement reste ferme et continuera tant que leur demande ne sera pas satisfaite. Le 5 février 2025, la mobilisation a encore pris de l’ampleur, et la pression des manifestants ne montre aucun signe de relâchement.
La raison de cette contestation réside dans les pratiques de Djedri Kouadio, accusé par les habitants d’exproprier et de spolier leurs terres. Selon Bohoussou Yao Pacôme, président des jeunes du village, le chef de village est perçu comme un homme d’affaires plus qu’un véritable leader communautaire. Il aurait des liens avec des promoteurs immobiliers peu scrupuleux, notamment à Yamoussoukro, où il aurait cédé les terres des villageois pour son profit personnel. Pacôme dénonce des actes de corruption, de faux et de spoliation, qui ont déjà conduit à plusieurs plaintes contre lui, en particulier sur des questions de propriété foncière.
« Il a été condamné par la cour d’appel de Bouaké pour abus de confiance concernant une parcelle de 135 ha appartenant à son oncle », a déclaré Bohoussou Yao Pacôme. « Il est également poursuivi pour faux et usage de faux sur une parcelle de 46 ha, et il refuse de respecter les décisions de justice. »
Les habitants de N’Zéré, désespérés, appellent le président Alassane Ouattara à prendre en main cette affaire pour ramener la paix et la cohésion sociale dans le village. « Il est urgent de se séparer de ce chef de village qui malmène la population. La justice a déjà pris ses décisions, mais M. Kouadio reste intouchable, et la situation ne cesse de se dégrader », a ajouté le président des jeunes.
De son côté, Djedri Kouadio rejette les accusations et se défend en expliquant qu’il a été manipulé par certains cadres du village, qui, selon lui, cherchent à s’approprier une partie des fonds de l’État alloués pour la construction d’une école. Il insiste sur le fait que l’argent destiné à la construction de l’école doit revenir aux véritables propriétaires terriens, les planteurs qui cultivaient les terres concernées.
Le porte-parole des propriétaires terriens, N’Guessan Emmanuel, a également exprimé son mécontentement. Selon lui, Djedri Kouadio exploite la situation à son avantage, notamment en se substituant aux véritables propriétaires pour récupérer des compensations financières de l’État. « Il a perdu tous ses procès », a-t-il précisé, « et malgré cela, il continue à manipuler la situation pour s’accaparer des terres qui ne lui appartiennent pas. »
Les habitants de N’Zéré, dévastés par la situation, demandent aux autorités publiques de prendre des mesures fermes. « Les propriétaires terriens n’ont plus rien à attendre de M. Kouadio, qui a transformé leur lutte en un véritable parcours du combattant judiciaire. Beaucoup de nos aînés sont morts sans pouvoir jouir des bénéfices de leurs terres », a ajouté N’Guessan Emmanuel.
Dans un contexte où le conflit foncier semble sans fin, les populations de N’Zéré restent déterminées et attendent une intervention des pouvoirs publics pour mettre fin à ce cycle d’injustice.
Korahi Samson
