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 »Comment naissent et se créent les quartiers précaires » ( Dr OKOU Romeo, Analyste Marketing des territoires) 

Pour comprendre celà, nous avons effectué une étude dans la commune de Cocody

Connaitre le processus de création de quartiers précaires, peut aider à anticiper sur la création de nouveaux quartiers précaires. L’on remarque que l’existence des quartiers précaires est attestée à la fois à la périphérie, tout comme dans la frange intramuros du centre-ville. L’enquête spatiale que nous avons menée dans la Commune de Cocody, a montré que les modes de leur création sont multiformes et adaptées au caractère du site.

À Cocody, les quartiers précaires sont créés sur des lotissements légaux mais squattés en attendant la mise en valeur effective des parcelles par leurs propriétaires. C’est le cas de Gobelet localisé dans une zone résidentielle : il est constitué de plusieurs terrains encore vacants que les populations ont couvert d’innombrables baraquements jusqu’au pied ou à la devanture des habitations de luxe. Les quartiers déjà déguerpis par les autorités ne font pas l’objet de suivi. C’est pourquoi, l’on assiste à une recolonisation systématique des sites par des populations en transit ou déguerpies en provenance d’autres communes du District.

Ailleurs, les quartiers précaires prospèrent sur les emprises d’équipements publics et des délaissés de lotissement, voies projetées non encore réalisées, voisinage des grands équipements et infrastructures d’intérêt public comme les zones portuaires et industrielles, à l’arrière des résidences somptueuses, à proximité des bretelles d’autoroute, sous des échangeurs, dans les zones de recules des hautes tensions, des berges lagunaires, les pentes raides des vallées, les cuvettes, les bords de mer, et les talweg inondables.

En l’absence de vigilance des autorités municipales et étatiques, l’occupation de ces espaces de servitude urbaine débutent par l’installation des activités informelles. Peu à peu, ces baraques reçoivent des populations et transforment le site en lieu d’habitats durables au mépris des dispositions légales et des règles élémentaires d’urbanisme.

Ces lieux de vie selon Rejane Blary (1995) sont des lieux « de nouvelles territorialités perturbatrices de l’ordre urbain, lieux privilégiés des exilés de la croissance et des défis constants à toute gestion urbaine conventionnelle (…) symboles de l’échec des planifications urbaines, ces quartiers sont frappés d’une double illégalité foncière et des normes de construction d’habitats et d’équipements ».

Dr OKOU Romeo
Analyste Marketing des territoires
President du cercle des Amis de Cisse Ibrahima Bacongo