ARIKEXPRESS-À deux jours de la fête de Pâques, les gares routières d’Abidjan et de l’intérieur du pays sont submergées. Les voyageurs, en quête d’un départ pour leur village natal, vivent un véritable chemin de croix entre files interminables, hausse des prix, arnaques et insécurité.
Comme chaque année à l’approche de Pâques, les gares routières de Côte d’Ivoire, notamment celles desservant le pays Baoulé, deviennent le théâtre d’une cohue indescriptible. Ceux qui espéraient rejoindre leur village pour communier avec leurs proches et participer aux retrouvailles traditionnelles sont confrontés à une épreuve épuisante.
Des heures d’attente insoutenables
Dans les gares, la scène est la même partout : files interminables, voyageurs assis à même le sol, regards las et visages fermés. Aya Konan, une jeune voyageuse, n’en revient toujours pas :
>« J’ai dormi à la gare. Depuis 10 heures du matin, j’attends encore mon car. Je suis au 54ᵉ départ, et ils n’en sont qu’au 15ᵉ, alors que nous sommes là depuis 4 heures du matin », se désole-t-elle, la mine épuisée.
Un transport devenu luxe
Face à l’afflux massif, la loi de l’offre et de la demande frappe durement les portefeuilles. Les prix des billets grimpent jusqu’à 100 % de leur tarif habituel. Mais même en payant plus cher, il est difficile de garantir un siège. Yves Roland Kouassi, accompagné d’une amie, est désemparé :
« Approcher un guichet est déjà un combat. Même avec l’argent en main, rien n’est sûr. On commence à penser à faire du stop », lâche-t-il, fataliste.
Spéculation et racket en plein jour
La situation est aggravée par un marché parallèle bien organisé. Des employés peu scrupuleux raflent les tickets pour les revendre sous le manteau à des prix exorbitants.
« C’est devenu leur business. En période de fête, certains multiplient les prix par deux, parfois trois », confie un habitué de la gare, visiblement écœuré.
À cette pagaille se mêlent les pickpockets, profitant de la confusion pour détrousser les voyageurs distraits ou épuisés. D’autres se font berner par des démarcheurs frauduleux, disparus une fois l’argent en poche.
Un scénario qui se répète
Pour Konan Désiré, gérant d’une gare routière, cette situation chaotique est loin d’être une surprise :
« Chaque année, c’est le même scénario. Les gens attendent la dernière minute. Pourtant, voyager dans ces conditions est très risqué. On ne peut pas demander aux chauffeurs de prendre des risques inconsidérés juste pour rattraper le temps perdu », explique-t-il.
Patience, prudence et résignation
Entre surpopulation, prix exorbitants, insécurité et incertitude sur le départ, les voyageurs n’ont d’autre choix que d’armer leur patience. En cette veille de Pâques, le chemin du village ressemble à une épreuve de foi avant même d’atteindre la célébration.
Fatoumata Ouédraogo