La justice ivoirienne a condamné, le mercredi 21 août 2024, l’honorable Kando Soumahoro, cadre du mouvement Générations et Peuples Solidaires (GPS) et ancien député de Biankouma, à trois ans de prison, dont deux fermes, pour « troubles à l’ordre public ».
Il lui est reproché d’avoir cosigné un communiqué de l’opposition dénonçant le processus électoral en cours en Côte d’Ivoire, notamment l’opération de révision de la liste électorale, et appelant à un dialogue inclusif.
Interpellé le 13 août 2024, l’ex-parlementaire est toujours détenu. Près d’un an après son incarcération, son fils aîné, Kando Dro Yves Richmond, témoigne de la nouvelle vie familiale dans une interview que nous avons réalisée le lundi 16 juin à Abidjan.
TKF –Comment avez-vous appris l’incarcération de votre père, et quelle a été votre première réaction ?
Yves : Le mardi 13 août 2024, aux alentours de 8h du matin, j’ai reçu l’appel d’un numéro inconnu. La personne me demandait si l’honorable Kando Soumahoro avait quitté le pays. J’ai répondu : « Non, pourquoi le ferait-il ? Il aime profondément son pays. »
Immédiatement, j’ai appelé mon père. Il a décroché. Sans même le saluer, je lui ai demandé : « Honorable, où es-tu exactement ? » Il m’a répondu : « Je suis à la maison. Je me prépare à aller voir ta petite sœur. Elle vient de m’offrir un nouveau petit-fils. »
Je lui ai dit : « Félicitations, Honorable ! J’ai reçu un appel étrange. Quelqu’un m’a demandé si tu avais quitté le pays. »
Il m’a rassuré d’une voix calme : « Non, ne t’inquiète pas. J’ai juste été convoqué à la préfecture de police cet après-midi. J’irai avec mes avocats. Restez calmes. »
TKF-C’est sûr que vous n’êtes pas resté »calme » comme vous rassure votre papa?
Yves- Effectivement.L’après-midi, je me suis rendu à la préfecture avec ses fruits préférés. Nous avons échangé jusqu’à ce qu’on nous demande de quitter les lieux, aux environs de 21h. C’est là que j’ai compris qu’il allait, une fois encore, retourner en prison.
TKF-J’imagine votre déception ?
Yves- J’’ai ressenti un vide immense. Je n’arrivais pas à croire que mon père, un homme si juste et droit, puisse se retrouver à nouveau enfermé.
TKF-Comment cette situation affecte-t-elle votre quotidien et celui de vos frères et sœurs ?
Yves– Depuis son arrestation, rien n’est plus pareil. À la maison, il y a un silence pesant, comme si un pilier avait disparu. On se sent isolés, marqués. Chaque jour est une lutte pour garder la tête haute.
TKF-Qu’est-ce qui vous manque le plus chez votre père depuis son absence ?
Yves-Tout. Absolument tout. Sa voix le matin, son regard rassurant, ses conseils, son humour, sa présence à table… Il était notre repère, notre force tranquille.
TKF– Recevez-vous du soutien de proches, d’amis ou de personnes engagées pour sa cause ?
Yves. -Oui, fort heureusement. Je tiens à remercier Son Excellence Guillaume Kigbafori Soro, président du GPS, qui ne manque jamais de nous soutenir, tant moralement que financièrement, à travers les cadres du mouvement.
Des membres de la famille, des amis de papa, et même des inconnus nous appellent, nous rendent visite ou nous envoient des messages. Cela nous touche profondément. Même si cela ne compense pas son absence, ce soutien nous aide à tenir.
TKF-Quel message aimeriez-vous adresser au public ou aux autorités en tant que fils de Kando?
Yves-Je veux rappeler que derrière chaque prisonnier, il y a une famille, des enfants, des cœurs brisés.
Je demande à ceux qui détiennent le pouvoir d’agir avec justice et équité. Mon père est un homme bon. Il mérite d’être libre, écouté, respecté — pas effacé comme un vulgaire criminel.
À tous ceux qui lisent ou entendent ce message, je dis : ne l’oublions pas. Il mène un combat noble pour la nation.
Mon père n’est pas qu’un détenu. Il est un père, un mari, un citoyen. Il mérite la vérité. Il mérite la justice.
Et j’ai foi en Dieu, le Tout-Puissant et Miséricordieux : il sera rétabli.
TKF :Merci
Propos recueillis par TKF