Abidjan, 25 février 2025 – L’économiste Don Mello a tiré la sonnette d’alarme sur la situation financière de la Côte d’Ivoire lors du Talk Masterclass 2025 organisé à Cocody. Dans son intervention, il a mis en évidence les risques liés à l’endettement extérieur, aux accords de coopération et à la fuite des capitaux, soulignant les implications potentielles pour l’économie nationale.
Selon lui, la Côte d’Ivoire dépasse les seuils recommandés en matière d’endet
tement. « Un élément qui doit nous interpeller, c’est qu’aujourd’hui, quand vous prenez notre dette extérieure par rapport à nos exportations, on a dépassé le ratio. C’est 15%, on est à pratiquement 21%. » a-t-il affirmé. Cette tendance, selon l’économiste, accentue la pression sur les finances publiques et compromet la capacité du pays à honorer ses engagements.
Outre le ratio dette/exportations, Don Mello a également pointé du doigt la dégradation du ratio dette extérieure/revenu interne. « Aujourd’hui, la dette extérieure sur le revenu interne, au lieu des 18% qui constituent la norme, on est à 32%. Donc par rapport à ces deux indicateurs-là, on a crevé le plafond. »
Bien que le niveau d’endettement par rapport au PIB (58%) demeure en deçà du seuil critique de 70%, il estime que cet indicateur ne reflète pas la capacité réelle du pays à rembourser ses dettes. « Ce n’est pas ça qui permet de rembourser. Ce sont les revenus et les exportations qui comptent. Or, pour ces deux volets-là, nous avons dépassé la norme acceptable, ce qui signifie que nous allons vers un risque. »
Dans ce contexte, Don Mello prévoit un recours accru au rééchelonnement de la dette, une pratique consistant à contracter de nouveaux emprunts pour honorer les engagements en cours. « Ces derniers temps, on assiste à beaucoup de réaménagements de dette. C’est comme les marguillards : tu empruntes, en même temps tu donnes. C’est ce que nous allons faire bientôt pour soutenir la dette, car il faudra emprunter pour payer la dette. »
L’intervention de Don Mello relance le débat sur la soutenabilité de la dette ivoirienne et l’urgence de politiques économiques plus résilientes face aux défis du financement du développement.
TKF
