Invité au Talk Masterclass 2025, M. Don Mello a livré une analyse percutante sur l’économie ivoirienne. Il a mis en évidence les défis liés aux accords de coopération, à la fuite des capitaux et à la dépendance économique vis-à-vis des puissances étrangères. Pour lui, la souveraineté économique est la clé du développement de la Côte d’Ivoire et doit passer par une rupture avec certains accords monétaires et économiques contraignants.
S’affranchir des modèles dominants pour une prospérité endogène
S’appuyant sur des exemples concrets, notamment la Russie et certains pays du Golfe, Don Mello a illustré l’importance de la résilience économique et de la capacité d’autofinancement.
« Ils ont sanctionné la Russie dans tous les sens : pas d’accès au dollar, pas d’accès au marché occidental, jusqu’à 1800 sanctions sur leur dos. Mais paradoxalement, les Russes ne font que s’enrichir chaque jour. Cela prouve que des alternatives existent pour bâtir une économie indépendante et prospère. »
Selon lui, la Côte d’Ivoire doit s’inspirer de ces modèles en misant sur ses propres ressources et en valorisant ses opérateurs économiques nationaux.
Des prêts oui, mais sans perte de souveraineté
Don Mello ne rejette pas le principe des prêts internationaux, mais insiste sur leur impact à long terme.
« Les prêts sont nécessaires, mais il faut éviter qu’ils conduisent à l’asphyxie économique ou à la perte de souveraineté. La Russie, par exemple, emprunte auprès de la Chine et de l’Inde, mais ces emprunts restent dans la marge de leur capacité d’investissement. »
Il plaide ainsi pour un endettement stratégique, qui ne compromette ni la stabilité financière du pays ni son indépendance économique.
Passer du statut d’emprunteur à celui de bailleur
Pour l’expert, la Côte d’Ivoire ne doit plus se contenter du statut de pays en développement dépendant de l’aide extérieure.
« Nous devons changer de posture : ce n’est pas nous qui devons chercher l’aide, c’est nous qui devons aider d’autres pays africains à se développer. Nous en avons la capacité, à condition que les richesses créées en Côte d’Ivoire reviennent aux opérateurs économiques nationaux, qu’ils soient publics ou privés. »
L’Arabie Saoudite est un exemple frappant de ce modèle économique, selon Don Mello.
« Le plus grand bailleur de la planète, c’est qui ? C’est les Arabes. Pourtant, leur principale richesse, c’est le pétrole. Grâce à une gestion stratégique, ils financent le développement mondial tout en gardant le contrôle de leurs ressources. C’est cette vision que la Côte d’Ivoire doit adopter. »
Un appel à élever les ambitions économiques ivoiriennes
En conclusion, Don Mello exhorte les décideurs ivoiriens à repenser le modèle économique du pays, à favoriser une redistribution équitable des richesses et à adopter une vision ambitieuse.
« Nous devons projeter notre développement en termes de grande puissance et non en termes de pays en développement. La Côte d’Ivoire a le potentiel de jouer ce rôle si elle s’émancipe économiquement et maîtrise mieux la circulation de ses capitaux. »
À travers ce plaidoyer, Don Mello invite à une prise de conscience et à une refonte des priorités économiques nationales afin d’inscrire durablement la Côte d’Ivoire sur la voie de la souveraineté et de la prospérité.