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Cherté de la vie : les « gbakas » et leur tarification à vitesse variable

La cherté de la vie gangrène presque tous les secteurs d’activité. Des produits alimentaires aux vêtements, en passant par le transport terrestre dans les grandes agglomérations, les prix flambent, et les Ivoiriens ne cessent de se plaindre.

Parmi les secteurs les plus critiqués figure celui du transport en commun, notamment les fameux « gbakas » desservant la ligne Bingerville–Adjamé. La tarification y varie selon l’atmosphère du moment. Aux heures de pointe, les prix peuvent doubler, ou à défaut, le trajet est raccourci tout en maintenant le tarif habituel.

« On souffre ici aux heures de pointe. Là où l’on payait 500 francs, on paye le double. Avoir un véhicule est déjà une peine, mais après cela, il faut encore affronter les humeurs des apprentis », déclare M. Koffi à la nouvelle gare de Bingerville, le mercredi 4 juin.

Une passagère, Fatima, confirme ce constat : « Ils n’ont pas pitié. Quand on veut négocier, les apprentis, sans aucune morale, insultent tout le monde. Finalement, on laisse tomber. »

Pour de nombreux passagers, la période la plus pénible reste la rentrée scolaire. « C’est une véritable jungle », disent-ils. De Bingerville à Adjamé, il faut souvent emprunter trois gbakas :

De Bingerville au Nouveau Goudron : 300 francs

Du Nouveau Goudron à la Riviera 2 ou à la Vie : 500 francs

Puis, prévoir 200 francs pour rallier Adjamé

Résultat : le transport revient à 1 100 francs au lieu de 500 francs en période creuse. Soit un surplus de 600 francs par trajet. Sur un mois, cette hausse impacte sérieusement le panier de la ménagère.

Interrogé sur ce phénomène, un des conducteurs – sous couvert d’anonymat – tente de justifier :
« Il y a trop de bouchons, et cela entraîne beaucoup de pertes. Il faut gérer les syndicats, les corps habillés, acheter du carburant… On ne s’en sort pas. »

Du côté de la municipalité, on se souvient encore du combat que le premier magistrat de la commune, Issouf Doumbia, avait mené il y a quelques années pour faire respecter les tarifs. Il avait eu maille à partir avec certains usagers qui ne comprenaient pas l’intérêt des enquêtes menées sur le terrain. Celles-ci étaient jugées chronophages par des passagers plus préoccupés par le fait de rallier leur lieu de travail. Face à ces tensions, ses émissaires avaient fini par abandonner cette mission.

Ainsi va donc la vie, où les règles du capitalisme semblent être interprétées selon le bon vouloir du plus fort.

 

Kossonou