Afrikexpress-Mamadou Koulibaly, l’ancien ministre ivoirien de l’Économie et ancien président de l’Assemblée nationale, a récemment exprimé sa position sur les choix de financement et de développement économique en Afrique.
Dans sa communication sur X (anciennement Twitter), il critique l’approche traditionnelle de l’aide publique au développement (APD) et met en lumière les écueils d’une dépendance excessive aux financements gouvernementaux internationaux.
Koulibaly évoque la distinction essentielle entre les pays et les continents ayant choisi de se reposer sur des aides publiques et ceux ayant opté pour des investissements privés. Selon lui, les pays d’Afrique subsaharienne, qui se sont souvent reposés sur l’APD, sont restés « moins développés » et « plus en retard », notamment par rapport à certaines nations asiatiques qui ont attiré des investissements directs étrangers et se sont ouvertes aux prêts privés pour stimuler leurs secteurs privés.
L’ancien ministre souligne que cette approche d’APD mène à des pratiques néfastes et à une véritable « pauvreté institutionnelle ». Selon lui, les financements publics échangés entre gouvernements sont souvent marqués par des « rétro-commissions injustifiées », des « surfacturations », et des choix inefficaces de projets. Ces problèmes sont exacerbés par des systèmes politiques peu transparents et un manque de responsabilité envers la population. En effet, Koulibaly critique ce qu’il appelle le « néopatrimonialisme », un système où les gouvernements profitent des fonds étrangers pour maintenir des réseaux de corruption au détriment des besoins réels de la population.
Pour l’ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, les pays africains doivent se réorienter vers une stratégie où les investissements étrangers privés, réalisés directement sur des projets avec des partenaires locaux non étatiques, sont privilégiés. Dans ce cadre, chaque dollar investi par un particulier étranger dans un projet est plus bénéfique pour l’économie que celui d’une aide publique qui reste souvent captée par des mécanismes opaques.
Ce modèle, selon lui, a été plus performant dans l’Asie émergente, où la croissance rapide des économies des années 2000 a été soutenue par un environnement propice aux investissements privés
Mamadou Koulibaly invite à repenser profondément le modèle de financement du développement en Afrique, en mettant l’accent sur une approche plus entrepreneuriale et moins dépendante de l’aide extérieure étatique.
Cette vision appelle à un changement fondamental dans la manière dont les États africains interagissent avec les flux financiers mondiaux, en insistant sur la nécessité de réformer les structures de gouvernance internes pour garantir un développement durable et inclusif.
Bintou Sanogo